Toni Morrison reçoit le prix PEN/Saul Bellow

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L’association internationale du PEN a récompensé l’auteure Toni Morrison, âgée de 85 ans, avec le prix PEN/Saul Bellow, pour sa contribution à la littérature américaine. La Nobel de littérature de 1993 – la seule femme noire à avoir reçu les lauriers suédois – a accepté ce nouveau prix ainsi que les 25 000$ US qui l’accompagnent, le 1er mars dernier.

Louise Erdrich (récipiendaire de ce prix en 2014), Dinaw Mengestu et Francine Prose qui formaient le jury de ce prix ont précisé que l’œuvre de Morrison était « révélatrice, intelligente, audacieuse » en plus d’ajouter qu’elle « a modifié le paysage de la fiction américaine » et que les romans de cette auteure « sont investis de l’expérience, de la vie et de la conscience des Noirs, matériel pour lequel elle a forgé une esthétique américaine singulière ».

Rappelons que dans ses ouvrages, Toni Morrison combat les injustices sociales par le biais de ses personnages, s’attaquant principalement aux préjugés relatifs au racisme. En entrevue au webzine Psychologies, l’auteure répondait ceci :  « Je me documente énormément pour chacun de mes livres, afin de développer une compréhension de la réalité qui ait de multiples facettes, pas seulement celle qui m’arrange. […] Je trouve toujours intéressant de regarder les choses à l’envers, pas seulement comme on vous dit qu’elles doivent être. Lorsque j’ai écrit Beloved, les femmes se battaient pour qu’on leur reconnaisse le droit de ne pas avoir d’enfants en ayant accès à la contraception et à l’avortement. À l’époque de l’esclavage, c’était le contraire. La liberté de Sethe, mon personnage, consistait à vouloir assumer la responsabilité de son enfant jusqu’à lui ôter la vie, pour lui épargner l’asservissement auquel il était promis. »

Son plus récent ouvrage, intitulé Délivrances (Christian Bourgois) raconte l’histoire de Lula Ann, née noire comme l’encre alors que ses parents, pourtant d’origine africaine, ont le teint et les cheveux pâles. Son père refuse de la toucher et quitte sa mère, laquelle élève seule sa fille. Lula Ann deviendra femme, riche, forte, mais non sans heurts. Un grand roman polyphonique américain, sur le racisme et la résilience, qui prouve que l’auteure mérite amplement cette belle récompense.

Crédit photo: Entheta

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