Sylvain Tesson a reçu aujourd’hui, le 4 novembre, le prix Renaudot 2019 pour son roman La panthère des neiges (Gallimard). Les lecteurs n’ont pas attendu que les lauriers se posent sur cet ouvrage pour s’empresser de se le procurer : déjà 50 000 exemplaires ont été vendus de ce récit, où l’intrépide écrivain a rejoint les hauts plateaux tibétains pour y dénicher une panthère des neiges, animal relevant presque de la légende avec seulement 5000 spécimens encore en vie sur Terre. Lui et le photographe Vincent Meunier – qui poursuit depuis six ans cette bête qui laisse croire qu’elle a disparu et qui a fait l’invitation à Tesson de se joindre à l’aventure – décident de la trouver. En résultent des réflexions sur la cohabitation de l’homme et de l’animal, sur la raréfaction des espèces, sur les croyances et les spiritualités asiatiques. Notez que ce livre sera disponible le 6 novembre au Québec, la date ayant été devancée en raison de ce prix.  

Sur le site de l’éditeur, on retrouve un entretien réalisé avec Sylvain Tesson à l’occasion de la sortie de ce livre. À la question « Lui [le photographe] a un but : l’image. Mais vous, vous êtes là pour quoi? », il répond : « Je suis là pour l’apparition, et je pense que j’ai éprouvé très rapidement, en attendant la panthère, un sentiment qui relevait du sacré. Ce n’est ni de la pensée magique, ni du chamanisme de bistro, c’est simplement que j’étais très peu habitué à vivre dans les tensions de l’attente et de la patience. J’ai découvert les vertus de la patience, j’ai réalisé qu’entre l’espérance que quelque chose arrive et le moment où cela arrive, il y a un intervalle qui se remplit de pensées insoupçonnées, qui ne viennent jamais lorsqu’on n’attend pas. L’affût est antimoderne dans la mesure où il nous ramène à tout ce à quoi nos vies modernes, hyperactives, désordonnées, chaotiques, vouées à l’immédiateté, nous arrachent. Il nous oblige à considérer l’hypothèse qu’on peut consacrer beaucoup de temps à attendre quelque chose qui ne viendra peut-être jamais. À l’affût, nous sortons de l’immédiat pour revenir à la possibilité de l’échec même. »

« Certaines lectures allument leur fanal dans l’esprit », écrit l’écrivain en début de sa chronique pour la revue Lire de novembre. Visiblement, cette phrase aurait pu être écrite pour La panthère des neiges.

Pour ceux qui aiment les détails entourant les délibérations de prix, sachez que cet écrivain français ne figurait pas parmi les finalistes au premier tour, et qu’il « l’a emporté au 2e tour par 6 voix contre 2 pour La part du fils de Jean Luc Coatalem (Stock) et 2 voix pour Pourquoi tu danses quand tu marches? de Abdourahman A. Waberi (JC Lattès) », nous apprenaient nos homologues de Livres Hebdo.

Le Renaudot Essai a quant à lui été décerné à Eric Neuhoff pour (Très) cher cinéma français (Albin Michel), un portrait – loin d’être flatteur – du cinéma français actuel, alors que le Renaudot poche a été remis à Jonathan Littell, pour son roman Une vieille histoire : nouvelle version (Folio).

Le jury, présidé par Christian Giudicelli, se composait cette année de Frédéric Beigbeder, Dominique Bona, Patrick Besson, Georges-Olivier Châteaureynaud, Jérôme Garcin, Franz-Olivier Giesbert, Louis Gardel, J.M.G. Le Clézio et Jean-Noël Pancrazi.

Publicité