Pierre Samson nommé gagnant du GPLM

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L’annonce a été faite hier, Pierre Samson remporte le Grand prix du livre de Montréal pour son roman La maison des pluies. Si ce bouquin s’est fait peut-être discret jusqu’à présent – il est sorti en mars dernier – il est heureux maintenant de le voir flamboyer au grand jour.

Pierre Samson est un ciseleur qui travaille les mots avec la patience de l’orfèvre. « Moi, je ne crois pas vraiment au génie, je crois au travail, et ça, par exemple, je l’ai fait. J’ai travaillé très, très fort, alors, quand c’est reconnu, on est très content », confiait-t-il à La Presse.

L’écriture de Samson est en effet précise, acérée, choisie. Il n’a surtout pas peur d’employer des mots peu usités, disant que «tous les mots, même compliqués, nous appartiennent ». La maison des pluies reflète cette justesse autant par la forme que par le fond puisque le personnage principal est un linguiste, Benjamin Paradis, qui a voyagé partout autour du monde afin de débusquer les langues peu connues, que l’on ne parle presque plus. Intéressé par la singularité des langues et se sentant concerné par leur sort, ce périple du langage le mènera à la recherche de sa propre origine.

Il revient au bercail pour exercer le parfois dur et laborieux métier d’enseignant : À ce moment précis, Benjamin dresse un majeur vers l’hémicycle tapissé de soixante-dix et quelques visages, pour la bonne part juvéniles et boudeurs. Il peut ainsi mesurer le degré de désintéressement préliminaire de la meute de chasseurs de crédits universitaires écrasée devant lui. Les rires venus exclusivement du fin fond de l’auditorium, qu’il a baptisé pour lui-même l’ourlet des nuls, lui promettent un trimestre éprouvant (…)

Pour Pierre Samson, l’écriture a tracé son chemin en lui dès son plus jeune âge, même si rien ne l’y prédestinait. Enfant du quartier modeste de Montréal Hochelaga-Maisonneuve, Samson raconte : « Quelqu’un un jour m’a rappelé qu’à l’école, quand on m’avait demandé ce que je voulais être plus tard, j’avais dit écrivain. Toute la classe avait éclaté de rire. » N’ayant pas fait d’études littéraires, il n’a pourtant jamais abandonné le fervent désir d’écrire. Pour notre grande chance.

Le porte-parole du Grand prix du livre de Montréal, l’animateur et critique René Homier-Roy, exprime bien la nature du roman de Samson : « L’écriture de Pierre Samson est exigeante. Très. C’est un compliment qu’on n’a pas l’occasion de faire souvent ». Le lecteur de La maison des pluies, qui signifie « nuage » dans un des dialectes d’Afrique centrale, est invité à prendre part à la diversité et à l’unicité des mots, à ne pas craindre ceux qui ne nous sont pas familiers, mais plutôt à les faire siens, à les tourner et retourner, à les prendre à bras le corps. En n’excluant aucun mot, même les plus savants, il souhaite ainsi démocratiser la langue et non l’élever au-dessus des lecteurs.

Car cela est bien vrai, l’écriture de Pierre Samson nous donne la belle occasion de pénétrer dans le vaste monde du langage et de ses mille possibles.

Photo de Pierre Samson : Robert Laliberté

LaPresse

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