C’est Olivier Boisvert, libraire à la librairie Marie-Laura de Jonquière qui remporte cette année le Prix d’excellence décerné par l’Association des libraires du Québec, pour souligner la qualité de son travail. Il reçoit ainsi, en plus des éloges, une bourse de 2 000$ de la ministre de la Culture et des Communications du Québec, Marie Montpetit. Le tout lui a été remis le mercredi 9 mai, lors du gala du Prix des libraires du Québec (qui récompensait également six œuvres de grande qualité). 


« C’est un immense honneur de recevoir le Prix d’excellence, reconnaissance qui me motive à m’engager encore davantage dans ma mission de libraire. Au cours de mes douze ans de métier, j’ai réalisé que cette profession est profondément ancrée dans le champ littéraire et féconde pour aménager des espaces de rencontre et de dialogue entre les différents acteurs du milieu », a commenté par voie de communiqué le lauréat. Olivier Boisvert prend également le temps de remercier la fidèle clientèle de la librairie Maire-Laura, « qui m’a toujours insufflé l’élan le plus véloce », dit-il.

Au bout du fil, son patron Maximilien Bouchard utilise à répétition le mot « exceptionnel », à la fois pour décrire son employé, son ami, son libraire. Maximilien et Olivier se sont rencontrés sur les bancs d’école, alors qu’ils étudiaient tous les deux en sciences politiques. Olivier avait alors travaillé un peu en librairie, laquelle appartenait au père de Maximilien à l’époque. Lorsque le fils a racheté la librairie, il était clair pour lui qu’il devait aller chercher à nouveau Olivier pour s’en faire un libraire allié de qualité. Visiblement, il n’a pas eu tort. « Il a une facilité à jongler avec des concepts abstraits rapidement. Il applique cette habileté à son métier de libraire : en peu de temps, il arrive à cerner un livre, à savoir à qui cela va convenir », explique son patron.

Preuve de la qualité de ce libraire, Maximilien Bouchard nous partage une anecdote : « Olivier est l’une des premières personnes à m’avoir offert un livre en cadeau. C’est une des seules personnes qui a réussi à me cerner en tant que lecteur. Quand tu travailles en librairie, tu as souvent lu beaucoup, les gens n’osent pas t’offrir de livres : c’est presque impossible de donner un livre en cadeau à un libraire! Lui, il m’a offert un livre juste avant mon départ pour un voyage à Cuba : Le nid du serpent, de Pedro Juan Gutiérrez. Je suis tombé sous le charme de cet écrivain cubain qui m’était inconnu et, depuis, j’ai tout lu de lui. »

En entrevue par courriel, Olivier Boisvert nous explique avec passion et intelligence ce qui l’anime dans le métier de libraire. « J’apprécie farouchement d’être confronté à d’autres vies que la mienne, à des modalités d’être plurielles qui enrichissent et élèvent ma vision du monde. J’aime apprendre à connaître quelqu’un, découvrir ce qui le fait vibrer et réussir à saisir vers quoi il a envie de s’engager. C’est une expérience de rencontre entière et ouverte à laquelle je suis devenu accro avec le temps. Elle crée des points de jonction d’une authenticité improbable. Néanmoins, ma plus grande félicité demeure de conseiller Klonk à un jeune, le revoir des années plus tard, lui conseiller Tobie Lolness, le reconnaître de nouveau et lui proposer, car il est rendu là, Le meilleur des mondes, qu’il revienne chamboulé, des interrogations plein l’entendement et qu’ensuite je puisse déposer entre ses mains Le loup des steppes, par exemple. Accompagner l’évolution d’un lecteur ou d’une lectrice, c’est un privilège inouï! Par ailleurs, une librairie constitue un lieu idéal pour cerner les imaginaires collectifs qui se forment et les tendances sociétales qui se profilent en tenant compte des phénomènes dont s’efforcent de rendre compte des écrivains plus intuitifs et sensibles que d’autres. C’est mon penchant pour la prospective qui est interpellé ici! »

Questions en rafale à Olivier Boisvert

Votre auteur étranger favori : Rick Bass et Marisha Pessl
Votre œuvre québécoise marquante : La bête creuse de Christophe Bernard
Le livre inattendu que vous aimez conseiller à vos clients qui souhaitent faire une découverte : Les falsificateurs d’Antoine Bello
Une BD qui vous a bouleversé : Les cités obscures de Benoît Peeters et François Schuiten
L’œuvre que vous auriez pu écrire tellement elle vous parle : Les détectives sauvages de Roberto Bolano
Le classique que vous pourriez relire sans cesse : Les possédés de Dostoïevski
Un livre que vous avez souvent offert : Le gang de la clef à molette d’Edward Abbey

 

Pour en apprendre davantage sur Olivier Boisvert, surveillez l’édition du 1er juin de la revue Les libraires : il y sera à l’honneur, photographié en couverture, et également en entrevue à l’intérieur! Vous verrez : c’est effectivement un libraire d’exception!

Crédits photo : Maximilien Bouchard

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