Le prix T. S. Eliot, l’un des plus importants prix dédié à la poésie, a été remporté par l’auteur Ocean Vuong pour son recueil Night Sky with Exit Wounds, traduit en français par Marc Charron sous le titre Ciel de nuit blessé par balles et publié aux éditions Mémoire d’encrier en octobre dernier. Ce titre était parmi les dix meilleurs livres choisis par le New York Times en 2016 et a déjà fait l’objet de plusieurs traductions.

Originaire de Saïgon, Ocean Vuong arrive aux États-Unis comme réfugié alors qu’il n’a que 2 ans. Il est présentement professeur en poésie et en écriture à l’Université du Massachusetts. Il a écrit dans plusieurs revues et publications mais Ciel de nuit blessé par balles constitue son seul livre publié jusqu’à ce jour. Il travaille actuellement à l’écriture d’un premier roman.

L’auteure Kim Thúy signe la préface de ce recueil, elle qui y trouve certainement plusieurs échos à sa propre histoire. « J’ai entendu Ocean et l’océan en moi. […] Depuis ce livre, tout bouge non seulement autour de moi, mais surtout au fond de cette âme qui s’est dénudée. »

La remise du prix s’est tenue à Londres le 15 janvier. Lors de son discours de remerciement, le poète a dit : « Je crois avant tout au pouvoir inégalé du langage. En dépit des événements dans le monde, à la fin de la journée, nos mots construisent des ponts », rapporte la Poetry Book Society qui décerne le prix. Cette année, comme le prix célébrait sa vingt-cinquième année d’existence, le montant octroyé était de 25 000 livres britanniques (près de 43 000 dollars canadiens).

« Et puis, comme si elle respirait, en dessous de nous la mer s’est enflée. Si tu dois savoir quelque chose, sache que le plus difficile est de vivre une seule fois. Qu’une femme sur un bateau qui coule devient une bouée vivante, peu importe la douceur de sa peau. Pendant mon sommeil, il a brûlé son dernier violon pour garder mes pieds au chaud. Il s’est étendu à mes côtés et, sur ma nuque, a déposé un mot, qui a fondu en perle de whisky. De la rouille dorée coulant dans mon dos. Des mois entiers que nous étions en mer. Du sel plein nos phrases. Nous étions en mer depuis longtemps, mais les abords du monde n’étaient e part en vue ».

 

Photo : Tom Hines

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