Jeudi dernier, le vote virtuel des membres du Club des irrésistibles des Bibliothèques de Montréal a déterminé l'issue de la 14e édition de son prix. Cette année, deux romans sont arrivés ex aequo : Betty (Gallmeister) de l’Américaine Tiffany McDaniel et Kukum (Libre Expression) de Michel Jean.

Ce sont 136 membres dispersés à travers le monde qui ne sont pas parvenus à trancher entre les deux gagnants. Marie-Anne Poggi, fondatrice du Club, reconnaît les similitudes des deux œuvres traitant, chacune à leur façon, des liens familiaux, du rapport à la religion, du déracinement et de l’irrépressible envie de vivre lorsque tout bascule. Elle considère d’ailleurs que toutes deux « nous aident à mieux comprendre la réalité que vivent certaines communautés afro-américaines et innues ». Dans une chaude lutte, Betty et Kukum se sont hissés devant Le train des enfants de Viola Ardone (Albin Michel) et Nickel Boys de Colson Whitehead (Albin Michel), arrivés ex aequo en seconde position. Le roman Trois de Valérie Perrin (Albin Michel) complète le podium des six finalistes initiaux.

Avant de vous procurer un exemplaire des œuvres gagnantes, laissez-vous inspirer par de brèves descriptions rédigées par les libraires de notre réseau qui ont su reconnaître, avant l’heure, la richesse des deux histoires.

« Betty, c’est cette fillette qui grandit au milieu d’une famille nombreuse, et qui grâce aux contes et légendes que son père Cherokee lui raconte, développe son imagination, son humanité. Sa mère, une Américaine reniée par ses parents, néglige ses enfants. Betty accueille son destin de femme un peu à la dure, en tendant l’oreille aux humeurs de ses sœurs et en recevant le secret terrible de sa mère. Elle parvient à s’émanciper de sa réalité par l’écriture. Tiffany McDaniel, de sa plume magnifique et de sa prose fluide, nous plonge au cœur de l’univers d’une enfant pour qui le quotidien n’est pas simple, mais qui trouve, tout comme son père, de la beauté à travers la grisaille. » – Chantal Fontaine, Librairie Moderne (Saint-Jean-sur-Richelieu)

« Kukum veut dire “grand-mère” en langue innue. Ce livre raconte l’histoire d’une femme, bien avant qu’elle soit mère et grand-mère, faisant d’elle un précieux témoin d’un passé révolu aujourd’hui. Almanda qui prendra en suivant son cœur le nom de son mari, Siméon, adoptera avec fougue ce nouveau mode de vie, celui du nomadisme, de la chasse, de la survie. Elle se nourrira des produits de la forêt et en traversera les rivières et les lacs. Cette blonde aux yeux bleus deviendra une Innue tout en conservant quelques habitudes européennes comme la lecture. J’aime beaucoup quand Michel Jean me transporte sur les rives du Pekuakami, et au sein même de ses racines. Cette Kukum nous présente un aperçu de la liberté et on y saute à pieds joints. » – Shannon Desbiens, Librairie Les Bouquinistes (Chicoutimi)

Photo de Michel Jean : © Julien Faugère

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