Marie-Hélène Lafon remporte le Goncourt de la nouvelle

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« Nouvelle ou roman, roman ou nouvelle, parfois on ne sait pas, je ne sais pas ce que je vais faire, où ça va aller; je suis une piste qui s’enfonce dans le maquis textuel, j’y vais, j’avance, et ensuite ça devient quelque chose que je n’attendais pas, ça devient autre chose, ça se fait en se faisant, ça se fait autrement, ça tourne et ça bifurque, ça se retourne »
– Extrait de la première page de Histoires

Depuis la sortie de son premier roman, Le soir du chien en 2001, Marie-Hélène Lafon n’a cessé de s’imposer sur la scène littéraire, récoltant au fil des ans plusieurs prix. Cette fois, c’est le Goncourt de la nouvelle qu’elle rafle avec son recueil Histoires (Buchet-Chastel), qui regroupe des nouvelles éparses de l’auteure, parues chez divers éditeurs.

En 2013, notre chroniqueur Robert Lévesque parlait de l’œuvre de Marie-Hélène Lafon en ces termes : « Plus qu’à Giono ou Michon et Bergounioux, c’est cependant au cinéma de Raymond Depardon, à ses documentaires sur la ferme du Garet et à son chef-d’œuvre qu’est La vie moderne que me font penser l’approche et l’écriture de Lafon. Contrairement à l’œuvre d’Annie Ernaux, qui explore elle aussi la mémoire familiale, prolétaire et provinciale, l’œuvre qui se construit sous la plume de Lafon ne revendique rien. Cette fille du Cantal n’entend pas, comme l’auteure de Les années, « venger » la condition de son père, mais simplement témoigner, seulement évoquer, seulement décrire, sans s’appesantir ni le regretter ni le pleurer, un monde qui tire à sa fin sans que l’on y puisse quoi que ce soit d’autre que le comprendre, en prendre acte, en saisir l’humanité dans son humilité. On pourrait dire aussi du Tchekhov français. »

Ce prix, décerné à l’unanimité par les membres du jury du Goncourt de la nouvelle, est également remis avec plusieurs éloges de la part des jurés : « Il y a des textes dont la modestie touche au sublime. Histoires appartient à cette bibliothèque-là », de souligner Éric-Emmanuel Schmitt et « Cette France rurale que Marie-Hélène Lafon peint avec autant d’âpreté, pour beaucoup d’entre nous, c’est celle de nos parents et de nos enfances ni oubliée, ni si lointaine », partage Virginie Despentes.

Félicitations à cette grande nouvelliste.

 

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