Marie-Francine Hébert reçoit le Prix Raymond-Plante 2017

40
Publicité

Grâce à Marie-Francine Hébert, plusieurs lampes près des lits sont longtemps restées allumées, le soir, tenant les lecteurs bien agrippés aux pages d’un petit roman de la courte échelle durant les années 90. Grâce à Marie-Francine Hébert, bien des jeunes d’aujourd’hui découvrent encore des histoires touchantes et farfelues, découvrent tout simplement la joie de se laisser porter par la magie de la littérature. C’est donc avec grand plaisir que Les libraires tient à féliciter cette auteure pour le Prix Raymond-Plante 2017, qu’elle vient de recevoir à l’occasion de La Fête de la lecture et du livre jeunesse de Longueuil, en reconnaissance de l’impact de son œuvre sur des générations de jeunes lecteurs.

Rappelons-nous de Venir au monde, un livre maintes fois primé qui, sur un ton humoristique, racontait la vie amoureuse de deux adultes, selon la perspective d’un narrateur-bébé, qui cherche notamment à connaître « la recette pour fabriquer un bébé ». Il y a aussi le premier tome de la série Méli-Mélo, Un monstre dans les céréales, un petit roman pour les lecteurs qui aiment laisser une place à la fantaisie dans un décor tout ce qu’il y a de plus commun. Suivra notamment l’excellent Une sorcière dans la soupe, Un blouson dans la peau, Un crocodile dans la baignoire. En continuant de vieillir avec ses lecteurs, Marie-Francine Hébert propose ensuite l’une des séries les plus touchantes de l’époque sur l’amour entre adolescents, série qui débute avec Le cœur en bataille et se poursuit avec Je t’aime, je te hais et Sauve qui peut l’amour. Les thèmes du divorce, de la sexualité et de l’identité y sont dépeints avec justesse.

En 2003, c’est l’exceptionnel Nul poisson où aller qui vient rafler les prix – huit au total – et qui relate l’histoire d’une amitié entre deux jeunes filles ébranlées lorsque la famille de l’une est délogée de chez elle. L’histoire troublante d’une guerre ordinaire qui pose cette question : « L’ennemi peut-il être quelqu’un qu’on aime? ». Pas étonnant que cet album fut adapté en court-métrage par l’ONF. 

En 2009, elle fait un détour par la littérature pour adultes avec le sombre et poignant L’âme du fusil. Toujours sur le thème de la guerre, elle publie un album qui pousse notre regard de Nord-Américains à réfléchir sur les horreurs qui déferlent ailleurs avec Tu me prends en photo. Puis, dans une veine plus douce, elle revient, avec sa fille (Lou Beauchesne) cette fois, sur l’histoire de leur chat dans le touchant Minou minou.

Ce n’est là qu’une esquisse du grand et riche parcours de cette grande pionnière de la littérature jeunesse québécoise (puisqu’elle a également publié du théâtre, dont Cé tellement cute des enfants). Dans une entrevue fort intéressante pour le Voir, elle tenait ces propos : « J’ai été beaucoup de l’avant dans la période folle de la courte échelle. Il y avait une cause qui était plus grande que la mienne. L’idée était de contribuer à rendre la littérature jeunesse québécoise populaire et accessible. Quand j’ai commencé, il n’y avait à peu près pas de livres québécois dans les librairies. On publiait un livre et on le cherchait partout. Donc, il y a eu ce petit groupe d’auteurs, avec Bertrand Gauthier comme animateur et PDG de la courte échelle, qui a décidé de mettre la littérature québécoise de l’avant et d’écrire des livres tellement passionnants que les jeunes ne pourraient pas faire autrement que les lire, et effectivement, on a gagné notre pari. »

L’hommage est tout à fait mérité. Félicitations, madame Hébert!

Publicité