Le prix de la critique littéraire Jean Éthier-Blais 2018 a été remis à Manon Auger. Récompensée pour son essai Journaux intimes et personnels au Québec : Poétique d’un genre littéraire incertain, publié aux Presses de l’Université de Montréal, l’auteure a reçu une bourse de 3000 dollars. Ce prix, créé en 1997 en hommage à l’écrivain et critique littéraire Jean Éthier-Blais, est décerné annuellement par la Fondation Lionel-Groulx et récompense l’auteur de la meilleure œuvre de critique littéraire. Les œuvres sélectionnées doivent avoir été écrites pendant l’année précédente et traiter d’un aspect particulier propre à la littérature québécoise, d’un écrivain ou de façon plus générale, d’une œuvre de la littérature québécoise de langue française.

De cet essai qui propose une réflexion sur le journal intime comme genre littéraire à part entière, le jury a particulièrement apprécié « la rigueur de la méthode, la clarté du style tout comme la finesse d’analyse qui font de ce livre une référence précieuse dans un contexte et une époque où l’intérêt pour les littératures du moi (autobiographie et autofiction) comme pratiques et comme objets d’étude reste très marqué ».

En dépit de l’intérêt marqué pour les textes autobiographiques depuis le début des années 1980, le journal intime continue de faire piètre figure, non seulement en tant qu’objet d’étude, mais aussi en tant que pratique littéraire. Cela n’est guère étonnant dans la mesure où le portrait du genre dressé par les théoriciens demeure, aujourd’hui encore, essentiellement négatif : genre sans forme, sans histoire et sans littérature… Il est ainsi un enfant mal-aimé des études littéraires et parfois des écrivains eux-mêmes. C’est en réponse à ce discours réducteur que cet ouvrage propose de revoir et de réévaluer un certain nombre de lieux communs sur le genre et d’en montrer la poétique, en postulant qu’il s’agit d’un genre littéraire à part entière. En parallèle, l’auteure offre un portrait fouillé des journaux publiés au Québec sur presque trois siècles. De ce panorama émergent ainsi différentes figures « d’écrivains-diaristes » et de « diaristes-écrivains » dont les oeuvres, souvent méconnues, signalent la complexité des enjeux esthétiques et éthiques soulevés par l’écriture et la mise en scène de soi.
[Résumé de l’éditeur]

L’an passé, ce sont Alex Gagnon pour La communauté du dehors et Frédéric Rondeau pour Le manque en partage, tous deux publiés aux Presses de l’Université de Montréal en 2016 qui avaient été colauréats.

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