Heureux, Éric Vuillard l’est sûrement en ce 6 novembre 2017 alors qu’on vient tout juste de lui attribuer le Goncourt, le plus illustre des prix français. C’est grâce au titre L’ordre du jour publié chez Actes Sud en juin dernier qu’il part avec la récompense. Pas tout à fait un roman, ce livre est plutôt le récit de deux événements qui ont mené à la mise en marche de la catastrophe nazie. Éric Vuillard, dans ce court livre (pas plus de 160 pages), expose les faits dissimulés derrière l’image imposante et volontaire des troupes de la Wehrmacht.

L’ordre du jour est en ligne droite avec les livres précédents de l’auteur qui aime dépouiller de ses artifices les vérités déguisées de l’Histoire. Le journaliste Grégoire Leménager du magazine L’Obs écrit : « Tant pis pour ceux qui voudraient exonérer nos glorieuses institutions de leurs crimes passés: Vuillard est un maître démystificateur, qui ne laisse rien dormir dans l’ombre. Sa seule politesse, il la garde pour la langue française, qu’il sert avec une ironie décapante et une grâce comme on n’en lit pas si souvent. » La littérature fait encore une fois œuvre utile en décortiquant les dessous invisibles des événements et en amenant un éclairage nouveau sur les choses.

L’ouvrage d’Éric Vuillard a obtenu six voix contre quatre pour Véronique Olmi (Bakhita), les autres finalistes étant Alice Zeniter (L’art de perdre) et Yannick Haenel (Tiens ferme ta couronne).

L’ordre du jour est le neuvième livre d’Éric Vuillard, également cinéaste [L’homme qui marche (2006), Mateo Falcone (2008)].

« Dans ce grand bric-à-brac de misère, où se préparent déjà les pires évènements, un respect mystérieux pour le mensonge domine. »

 

Photo d’Éric Vuillard : Melania Avanzato

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