Les finalistes du Prix des cinq continents 2017

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Les dix finalistes du Prix des cinq continents de la Francophonie 2017 ont été dévoilés. Soulignons la présence de la Québécoise Catherine Lune Grayson dans la sélection pour son roman Le testament de nos corps (Mémoire d’encrier).

Ce prix, qui existe depuis 2001, a été créé par l’Organisation internationale de la Francophonie. Il vise à « mettre en lumière des talents littéraires reflétant l’expression de la diversité culturelle et éditoriale en langue française sur les cinq continents et de les promouvoir sur la scène internationale ». Le lauréat, qui sera connu en octobre, recevra une bourse de 10 000 euros.

Voici les titres en lice :

L’amas ardent de Yamen Manai (Elyzad)

Aux abords de Nawa, village de l’arrière-pays, le Don, apiculteur, mène une vie d’ascète auprès de ses abeilles, à l’écart de l’actualité. Pourtant, lorsqu’il découvre les corps mutilés de ses « filles », il doit se rendre à l’évidence : la marche du monde l’a rattrapé, le mettant face à un redoutable adversaire. Pour sauver ce qu’il a de plus cher, il lui faudra conduire son enquête dans une contrée quelque peu chamboulée par sa toute récente révolution, et aller chercher la lueur au loin, jusqu’au pays du Soleil-Levant. En véritable conteur, Yamen Manai dresse avec vivacité et humour le portrait aigre-doux d’une Tunisie vibrionnante, où les fanatiques de Dieu ne sont pas à l’abri de Sa foudre. Une fable moderne des plus savoureuses.


Apatride
de Shumona Sinha (L’Olivier)

Esha a quitté Calcutta pour s’installer à Paris, la ville dont elle rêvait. Or, d’année en année les déceptions s’accumulent, tout devient plus sombre et plus violent autour d’elle. Elle s’épuise dans d’innombrables batailles, et ne se sent plus en sécurité. Issue d’une famille de paysans pauvres, Mina vit près de Calcutta. Par ignorance, ou par crédulité, elle est entraînée à la fois dans un mouvement d’insurrection paysanne qui la dépasse et dans une passion irraisonnée pour son cousin Sam, qui lui fait commettre l’irréparable. Les destins de Mina et d’Esha se répondent dans ce roman qui ne ménage ni notre société ni la société indienne. L’écriture de Shumona Sinha est animée par la colère, une colère éloquente, aux images aussi suggestives que puissantes.


Avant que les ombres s’effacent
de Louis-Philippe Dalembert (Sabine Wespieser)

Le docteur Schwarzberg, juif polonais, a émigré à Haïti en 1939 à la faveur d’un décret gouvernemental qui autorisait les consulats à délivrer des passeports aux Juifs. En 2010, après le séisme, il retrouve la petite-fille de sa défunte tante Ruth et accepte de revenir pour elle sur l’histoire familiale. 

Bled de Tierno Monénembo (Seuil)

Algérie, années 1980. Séduite puis abandonnée par un Français, Zoubida est pourchassée par les habitants de son village. Seule et sans protection, elle doit fuir, son enfant dans les bras. Parmi ses poursuivants se trouve Hassan, son propre père. Il adhère aux préjugés de son clan, mais ne peut cependant oublier qu’il est lui-même un enfant illégitime.


Palace Café
d’Anne Defraiteur Nicoleau (Tamyras)

Palace Café déploie un travelling en Technicolor sur Beyrouth. Parfums, bruits et couleurs composent le décor sensuel et désordonné de l’histoire de deux frères : Kamal tué dans des circonstances confuses pendant la guerre civile et Antoine de retour au Liban après quinze ans d’exil. Des images d’un Beyrouth accablé et détraqué à celles d’un Beyrouth coloré et exalté, le lecteur traque les indices, croise les témoins d’un secret bien gardé et se perd dans un jeu de piste entre présent et passé, mensonge et vérité. Palace Café est l’histoire d’une famille mais aussi celle d’une ville, Beyrouth, où le lecteur se balade dans un va-et-vient entre gravité du destin et insouciance du quotidien.

 

Rapatriés de Nehemy Pierre-Dahomey (Seuil)

Belliqueuse, une jeune Haïtienne, a tenté de traverser la mer des Caraïbes pour rejoindre les États-Unis. De retour forcé sur sa terre natale, elle est contrainte de s’installer sur un lieu réservé aux clandestins et de faire adopter ses deux filles. Bélial est envoyée en France et Luciole part pour l’Amérique du Nord. Devenues adultes, les deux femmes reviennent en Haïti. 

La sonate à Bridgetower d’Emmanuel Dongala (Actes Sud)

En 1789 débarque à Paris le violoniste prodige George Bridgetower, neuf ans, accompagné de son père qui le rêve en Mozart. Fils d’un Nègre de la Barbade et d’une Polonaise, élève de Haydn, le garçon démarre une carrière qui se poursuivra bientôt en Angleterre et l’amènera à devenir ami avec Beethoven qui lui écrira une de ses plus belles sonates. Un roman avec pour toile de fond la condition des Noirs qui mêle aux bouleversements politiques et sociaux suscités par les idées des Lumières ceux du monde de la musique et des sciences.


Les temps de la cruauté
de Gary Victor (Philippe Rey)

Dans un cimetière de Port-au-Prince, Valencia, portant son bébé dans les bras, mendie et se vend aux hommes au milieu des tombes. Lorsque Carl Vausier, en pleine dépression après une douloureuse rupture, la rencontre, il ressent une étrange attraction pour la très jeune femme, qui n’est ni amoureuse ni sexuelle. Il croit voir en elle la possibilité de sa propre rédemption. Ce chemin se révélera cependant périlleux pour lui, car il le reliera à deux épisodes difficiles de son passé auxquels sa mémoire tente de donner d’autres contours. Grâce à une maîtrise parfaite des rouages romanesques, Gary Victor va tisser ces trames pour faire surgir un final inattendu. Les vives tensions de la société haïtienne n’épargneront aucun personnage, et Carl se verra tour à tour instrument et victime de cette cruauté qui exerce une bien étrange fascination sur le lecteur.

Le testament de nos corps de Catherine Lune Grayson (Mémoire d’encrier)

Une fille raconte la vie de son père, Waberi Abdulaziz Nuur, marquée par la violence, le deuil et l’exil. Entre la Somalie et le Kenya, Waberi a grandi et appris la dureté de la guerre et des camps de réfugiés. À sa mort, à Montréal, sa fille dépeint avec tendresse et pudeur le visage éblouissant du père.

Le venin du papillon d’Anna Moï (Gallimard)

Pendant une année de sa vie, Xuân caracole à travers une adolescence qui s’achève en accéléré, sur fond d’ère postcoloniale française et de guerre américaine, dans un pays non nommé qui pourrait être le Vietnam. Ba, son père, est un officier militaire excentrique. Sa mère, Mae, exerce les métiers les plus improbables afin de joindre les deux bouts. Préoccupée par ses seins trop petits, Xuân l’est également par les positions yogiques et politiques de Ba, l’animisme de sa mère, le décompte quotidien des morts de la guerre et le climat urbain explosif. Elle est initiée au sexe par Edgar, un énarque membre des services de renseignement français, et se joint à une bande incontrôlable qui s’adonne aux rodéos à moto dans la ville et à tous les excès : drogue, alcool, sexualité débridée. Loin du climat nostalgique propre aux réminiscences de la jeunesse enfuie, le ton à la fois caustique et sensuel, très tonique du récit le rend particulièrement attachant. Chez Anna Moï la jeunesse a raison de tout, même des désastres historiques et des tragédies guerrières.

 

(Les résumés sont ceux des éditeurs.)

Source : Organisation internationale de la Francophonie

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