Les finalistes du Grand Prix du livre de Montréal 2014

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Les paris sont maintenant ouverts: quel livre succèdera à La maison des pluies (Les Herbes rouges) de Pierre Samson qui s’est mérité le Grand Prix du livre de Montréal l’an passé. Très prisé, ce prix s’accompagne de 15 000$ et récompense un écrivain ou son éditeur qui réside à Montréal. Le lauréat sera annoncé le lundi 17 novembre à 11h à la Chapelle Historique du Bon-Pasteur.

1. Un thé dans la toundra Nipishapui nete mushuat, Joséphine Bacon (Mémoire d’encrier)
Joséphine Bacon, nomade de la toundra, nous fait parcourir, à la lumière du poème, des territoires inconnus. Gaston Miron, Saint-Denys Garneau et Paul Chamberland ont nommé Terre Québec ; Joséphine Bacon élargit le pays en nous initiant à la toundra et aux douces chansons de l’infini. L’horizon est offert avec tant de grâce et de naturel que nous lui sommes à jamais redevables de nous rappeler à l’essentiel : beauté, simplicité et volupté.

 2. Jonas de mémoire, Anne Élaine Cliche (Le Quartanier)
C’est une histoire connue, de fuite de détour de retour. Elle en engendre une autre, ressemblante inédite inventée. Une histoire détournée qui renverse le passé en futur, une histoire que chacun s’approprie comme la sienne; une histoire de tous pour tous. Jonas c’est Yona la colombe du Déluge qui rapporte à Noé le rameau d’olivier, et c’est un enfant fou, camarade d’autrefois qui un jour revient monte l’escalier, Tu me reconnais? rapportant avec lui la mémoire qu’on croyait perdue. Il faut l’écrire l’histoire, l’appâter pour repêcher l’enfance. C’est un livre poisson.

3. Le feu de mon père, Michael Delisle (Les Éditions du Boréal)
Dans ce poignant récit, le poète se remémore son père, le bandit devenu chrétien charismatique, l’homme violent qui ne parlait plus que de Jésus, l’homme détesté qu’on ne peut faire autrement qu’aimer, en dépit de tout. La question qui revient éternellement est celle-ci : où va le feu ? Et la question me revient au chevet de mon père. Je passe mon doigt sur son vieux tatouage de marin (une ancre avec les lettres MN pour merchant navy) qui n’est plus qu’une pastille noire et floue. Ces cellules sont aussi les miennes. Je reconnais la parenté organique et l’odeur qui monte de son corps : un parfum de vieux drap gorgé de phéromones. Cet encens sébacé est mon seul lien avec cet homme, le seul que je reconnaisse. Cet animal m’a donné la vie.

4. Outrenuit, Benoit Jutras, (Les Herbes rouges)
Il y a une autre nuit derrière la nuit. Où ma mémoire est faite d’étoiles tombées et mon corps d’apparitions. Où mon visage et ma voix sont des histoires aveugles. Cette nuit ne ressemble à rien. Sa pureté est terrible, son amour est lapidaire.
Elle est mon unique prière, mon renversement.
B. J.

5. Ma vie rouge Kubrick, Simon Roy (Les Éditions du Boréal)
The Shining, de Stanley Kubrick, cette histoire étrange située dans un hôtel où s’installent hors saison un écrivain, sa femme et leur garçon aux pouvoirs extrasensoriels, a impressionné une foule de spectateurs depuis sa sortie en 1980. C’est à l’âge de dix ans que Simon Roy a découvert ce film, médusé par une réplique : « Tu aimes les glaces, canard ? » Depuis, il l’a revu au moins quarante-deux fois, sans doute parce qu’il « contient les symptômes tragiques d’une fêlure » qui l’habite depuis des générations. La relation méticuleuse entretenue avec le maléfique récit lui aura permis d’intégrer les éléments troubles de sa « généalogie macabre », d’en accuser le coup. Un ouvrage singulier, stupéfiant.

(Les résumés sont ceux des éditeurs.)

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