Le jury, présidé par l’auteur Philippe Lançon, était composé de vingt-quatre auditeurs de France Inter de différents horizons, mais tous passionnés de littérature. Le roman d’Anne Pauly a aussi été remarqué par les prix Goncourt, Medicis et Femina qui l’avaient retenu dans ses listes. Il figurait aussi parmi les dix titres à lire cet été conseillés par l’académie Goncourt.
Lors de la mort du père de la narratrice, les souvenirs de cet homme violent et alcoolique lui reviennent, mais aussi ceux d’un homme lecteur de haïkus, ces brefs poèmes japonais, ou la délicatesse témoignée par le baiser qu’il porte chaque soir sur la photo de son épouse morte. « Je voulais aussi parler du côté cocasse de la mort, de son côté rocambolesque, c’est-à-dire que la mort arrive, elle vous dévaste, or le monde continue de tourner, exprime l’auteure. […] Il y a un côté obscène et comique à ce que la vie continue alors que dans votre cœur quelqu’un vient de disparaître et que c’est une déflagration et une dévastation. »
Anne Pauly possède un master de création littéraire de l’université Paris-VIII, le livre Avant que j’oublie étant d’ailleurs le projet qu’elle a présenté.
L’an dernier, la récompense était allée à Emmanuelle Bayamack-Tam pour son roman Arcadie (P.O.L).
EXTRAIT : « Dans le miroir de l’ascenseur, nos gueules d’adultes, défaites. Coucou l’impact de la mort, bisous. Et la plusque-certitude, en étant côte à côte, chacun avec sa part de gènes, qu’on était bien les enfants du défunt. On a juste dit bonsoir à une femme enceinte, souri à un interne : on s’est montrés urbains, polis, dignes dans la douleur. On a traversé le hall désert en silence, franchi la porte vitrée, atteint la voiture – mouip mouip – et puis on a pris l’autoroute, déserte elle aussi. Veille de Toussaint, lune claire, ciel dégagé, route à peine réelle. » Anne Pauly, Avant que j’oublie
