Remis pour la deuxième année, le prix du Livre du Réel s’intéresse aux histoires qui allient vérité et littérature, un genre de journalisme au ton personnel qui assume ses pans de subjectivité. Il est octroyé par la grande librairie indépendante Mollat à Bordeaux, en collaboration avec le journal Sud Ouest.

Le prix, qui s’accompagne d’une somme de 6000 euros (plus de 9000 dollars canadiens), a été attribué à Pierre Sautreuil pour Les guerres perdues de Youri Béliaev (Grasset). Pigiste pour L’Obs, Sautreuil part à l’âge de 21 ans en Ukraine pour couvrir la guerre du Donbass alors qu’il n’a même pas terminé son master en journalisme. Il y fera la rencontre de Iouri Béliaev, un homme qui possède toute une feuille de route. « Ancien flic devenu mafieux, millionnaire déchu, chef de parti d’extrême droite, vétéran du conflit yougoslave soupçonné d’avoir tué 64 Bosniaques et tenté d’assassiner Eltsine, fugitif recherché en Russie, Youri Beliaev a décidé, à 58 ans, de se mettre au vert sur le front de Lougansk. »  Ainsi est fait le portrait de ce personnage qui attire autant qu’il rebute le jeune reporter qui tentera de démystifier la véritable nature de cet être complexe.

Du côté de l’étranger, le prix est allé à l’Américaine Maggie Nelson pour Une partie rouge (Du sous-sol) qui revient sur le meurtre de la tante de l’auteure qui s’est déroulé en 1969 et dont le mystère reste entier. Trente-cinq ans après l’assassinat, l’enquête est à nouveau ouverte. Maggie Nelson raconte les étapes et l’issue du procès. « Mais au-delà de la valeur policière du récit, ce que Nelson livre, avec une honnêteté déconcertante, ce sont ses états d’âme. Exorcisant son passé, elle replonge dans certains moments formateurs de son enfance qui, immanquablement, trouveront un écho chez le lecteur. C’est d’ailleurs là que réside toute la puissance du récit : sous l’effet de la sensibilité d’une autre, nos propres fantômes renaissent », exprime Anne-Marie Bilodeau de la librairie La Liberté à Québec.

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