La dramaturgie récompensée

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La Fondation du Centre des auteurs dramatiques (CEAD) a remis trois prix d’importance le 27 novembre dernier. Bien que les dramaturges ne brillent pas sous les feux de la rampe, ils sont pourtant la matière première d’une bonne production théâtrale. Faiseurs d’histoires et façonneurs de personnages, ils créent un monde prêt à prendre forme sous nos yeux le temps d’une soirée ou d’une matinée, rendez-vous ultime où vie réelle et imaginée peuvent parfois se confondre pour faire apparaître le meilleur comme le pire de nous-mêmes.

Le prix Michel-Tremblay félicite le meilleur texte joué dans la saison théâtrale de l’année dernière et son auteur se mérite une bourse non négligeable de 20 000 $ afin de soutenir son parcours d’écriture. L’écrivain Michel Tremblay participe au financement de ce prix. Le lauréat primé cette année est Guillaume Corbeil pour sa pièce Cinq visages pour Camille Brunelle qui sera rejouée à L’Espace GO à Montréal du 26 mars au 5 avril 2014.

Cinq personnages étalent leurs goûts, leurs connaissances, et exhibent des photos de tout ce qu’ils ont vu, pensé, vécu. Façonnant leur image à coups de phrases convenues, ils cherchent en vain à échapper au formatage que leur impose leur moyen de communication. Que sont devenus l’identité, le langage, la pensée à l’ère des sites de réseautage ? Dans un déluge de références qui tient du tour de force, ce regard vertigineux sur notre monde d’éclats en emprunte les codes et en expose le désarroi avec une pertinence de tous les instants.

Le prix Louise-LaHaye récompense un texte jeunesse monté au cours de l’année précédente et est doté de 10 000$. Monsieur Lucien Abenhaim, le mari de feu Louise La Haye, contribue à la bourse. Le récipiendaire est Pasacal Brullemans pour sa pièce Vipérine destiné à un public jeunesse de 13 ans et plus. Il devient l’auteur associé de la Maison Théâtre à Montréal pour toute la prochaine année.

Les histoires ont la mauvaise habitude de débuter bien avant notre arrivée. Celle de Vipérine ne fait pas exception à la règle puisqu’elle raconte la quête d’une gamine qui doit se débarrasser du fantôme de sa soeur aînée. Sa quête va la mener, à travers champs et vallées, jusqu’au royaume des morts où se dresse l’arbre aux rubans qui retient l’âme des disparus. Comédie fantastique sur la difficulté de traverser un deuil, que l’on soit grand ou petit, Vipérine nous parle du courage nécessaire pour affronter nos peurs… mais aussi pour regarder au fond de nous-mêmes et accepter ce que l’on voit.

Enfin, le prix Gratien-Gélinas est remis à un dramaturge canadien francophone avec la Bourse Françoise- Berd d’un montant de 10 000 $. La compagnie théâtrale qui produira la pièce recevra quant à elle 15 000 $. Ici Radio-Canada Première ajoute 2000 $ pour l’auteur. Une lecture publique de la pièce a été produite en août grâce au CEAD. Il s’agit de L’écolière de Tokyo de Jean-Philippe Lehoux.

Sam est jeune, éduqué, financé par ses parents et perpétuellement en voyage. Ayant téléchargé sur son téléphone intelligent l’application Le japonais pour voyageurs libres et heureux, Sam voit sa vie et sa visite au Japon – ainsi que la pièce dont il est le sujet – structurées par ces leçon successives. Or dans un resto miteux de Tokyo, le voici qui rencontre un autre Québécois, Claude, analphabète, dans la cinquantaine, et arrivé au Japon avec un but précis : s’y faire seppuku. Une leçon, comme le train qui passe derrière le restaurant de monsieur Tanaka, en cache toujours une autre.

Photo: De gauche à droite, Pasacal Brullemans, Guillaume Corbeil, Jean-Philippe Lehoux. Photogtaphe : Jean-Michael Seminaro.

CEAD

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