Le Trifluvien Joël Bégin a été couronné du prix Robert-Cliche pour son premier opus, Plessis (VLB éditeur), mêlant habilement roman noir, réalisme magique et fresque historique.

Depuis 1979, le prix Robert-Cliche récompense annuellement l’auteur d’un premier roman soumis de façon anonyme à un jury composé de trois personnalités du monde littéraire. Cette année, le jury était composé de Camille Toffoli, essayiste et cofondatrice de la librairie L’Euguélionne, de l’écrivain Samuel Archibald et de la présidente Monique Proulx. En plus de voir son roman paraître dans une des maisons du Groupe Ville-Marie Littérature, le lauréat se voit accorder une bourse de 10 000 dollars, octroyée par Québecor.

Le concours est sans restriction de genre, ce qui a permis à Joël Bégin, enseignant de philosophie au Cégep de Trois-Rivières, d’y inscrire une œuvre éclatée; une œuvre qui refuse de rassurer son lecteur lorsqu’il est question de départager le vrai du faux; une œuvre qui ne tremble pas devant les codes littéraires ni devant le politique et les grandes figures historiques du Québec. L’écrivaine et scénariste Monique Proulx est d’avis que le travail de Bégin révèle :

« une envergure vertigineuse, une écriture inventive et maîtrisée, une récréation forte de la société et de l’histoire. »

Plessis succède à Tout est ori de Paul Serge Forest, roman hautement estimé par le public. Chose certaine, le résumé de Plessis laisse présager un succès tout aussi retentissant :

« Schefferville, 1959. Dans le guest house de l’Iron Ore Company of Canada, le vieux Chef se meurt. Attaque cérébrale soudaine. Du moins, c’est ce qu’on prétend. Parce qu’il apparaît vite qu’il se trame quelque chose de louche, à Schefferville. C’est à Paul-Émile Gingras, jeune policier trifluvien pas spécialement doué, que son grand-oncle Jos‑D., ministre de la Colonisation et bras droit de Maurice Duplessis, assigne la tâche de démêler tout ça. Alors pas le choix, avec son ami Gégé Godin – oui, ce Godin-là –, Gingras prend la route de la Côte-Nord.

Un roman noir, donc? Oui, mais le plus coloré qui soit. Passant de la farce à la fresque historique, du drame familial au vrai-faux portrait d’une classe politique, du picaresque au naturalisme, Joël Bégin louvoie entre les genres et les époques pour composer la fantasmagorie jubilatoire d’une Grande Noirceur à l’agonie. »

Photo : © Julia Marois

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