L’Académie Goncourt a annoncé ses quatre lauréats printaniers dans les catégories Premier roman, Nouvelle, Biographie et Poésie. Bien qu’elle se fasse progressivement, une relance du milieu littéraire semble vouloir s’amorcer.

Avec Le tiers temps (Gallimard), Maylis Besserie remporte le Goncourt du Premier roman. Elle y imagine l’écrivain Samuel Beckett dans une maison de retraite, en train de vivre la dernière partie de sa vie qui se déroule sous l’influence du quotidien et des souvenirs.

« Je rassemble les dernières cellules valides de mon esprit rabougri. Travail laborieux : deux lignes, tout au plus, les jours de grand vent. J’avance si lentement que j’ai le sentiment d’avoir arrêté. D’ailleurs, conformément aux règles de la physique, il est probable qu’à force de ralentir je m’arrête. Que j’en finisse avec les mots ou eux avec moi. »

Anne Serre reçoit pour sa part le Goncourt de la Nouvelle avec Au cœur d’un été tout en or qui est à paraître d’ici le prochain mois au Mercure de France. On dit de ce recueil qu’il est sous le signe de Lewis Carroll, auteur des Aventures d’Alice au pays des merveilles. Les noms de Liz Taylor, Musset, Beckett sont évoqués.

« Que se passe-t-il avec maman? Je roule, un peu inquiète, et quand je me gare devant le portail de la maison, il me tarde de la voir et de la reconnaître. Je sonne puis je lance un hou hou! comme d’habitude, pour signaler que c’est moi, et quand ma mère ouvre la porte je suis à la fois soulagée et surprise. C’est elle et ce n’est pas elle. »

Le Goncourt de la Biographie a été remis à Thierry Thomas pour Hugo Pratt, trait pour trait (Grasset), livre encore à paraître de ce côté-ci de l’Atlantique. Il retrace le parcours du créateur de Corto Maltese, héros de bande dessinée.

« Entre Hugo et Corto, tout commençait par un échange de regards. Il expliquait à Vincenzo Molica : “Quand je suis seul avec Corto, et que je dois penser à une histoire à lui offrir, je dessine d’abord ses yeux, je me mesure à son regard. Il a l’air de me dire : « Et maintenant quelles sont tes intentions? » Et c’est là que je me mets à dessiner.” »

La catégorie Poésie du Goncourt voit sa place occupée par Michel Deguy pour l’ensemble de son œuvre, qui est considérable. Il a déjà été honoré du Grand prix de la poésie de la SGDL en 2000 et du Grand prix de la poésie de l’Académie française en 2004.

« Un soir où nous avions mis une seule ceinture
Tu me chuchotais un conte à l’oreille de neige
Et me disais je suis émue
Et nous avions enjambé déjà plusieurs grands intervalles
Fait des arches d’absence plus grandes que celles d’Avignon

Et sommes revenus à nous par des gués en crue » – Comme si Comme ça

Photo de Maylis Besserie : F. Mantovani/Gallimard

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