Finalistes au prix Émile-Nelligan

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Le jury, formé de François Dumont, Michaël Trahan et présidé par Louise Dupré, a dévoilé les trois finalistes du prix Émile-Nelligan : Au monde. Inventaire d’Antoine Dumas (Du passage), Frayer de Marie-Andrée Gill (La Peuplade) et L’observatoire de Rosalie Lessard (Le Noroît).

La Fondation Émile-Nelligan décerne chaque année, depuis 1979, un prix à un poète émergent de 35 ans et moins pour un recueil publié en français au cours de la dernière année. Cette récompense s’accompagne d’une bourse de 7500$, tandis que les finalistes reçoivent une bourse de 500$.

Le lauréat sera connu le 2 mai prochain. L’an dernier, Roxane Desjardins avait remporté ce prix pour son recueil Ciseaux (Les Herbes rouges). 

Voici des extraits de ces trois recueils finalistes : 

Au monde. Inventaire d’Antoine Dumas (Du passage)

dans la mer il y a la mort qui nous interpelle avec vivacité, qui démentit les quelques rêves que nous avions sur la consistance des choses, sur la durée des intervalles lucides qui durent à peine avant que ne se brisent les vagues / dans le silence il y a des articulations, des cartilages et des rotules, des muscles et des noms de muscles / penché sur le silence c’est un cheval disloqué

[…]

dans le monde il y a autant de mondes que l’on veut bien le croire / c’est issu du tissu même de la fièvre que se déclenchent nos vies tels des récits de voyage liés aux formes intransigeantes du rêve rêvé ensemble / dans le monde on noircit les choses pour les refaire dans l’obscurité de nos yeux clos / ainsi nous vivons terriblement lumineux de l’intérieur

Frayer de Marie-Andrée Gill (La Peuplade)

si je ne touche pas les lignes du trottoir
si je me rends au troisième lampadaire sans
m’arrêter de courir
tout va bien aller

ça n’existe pas c’est dans ma tête
l’air de rien j’ai assez d’ongles pour
m’accrocher au désordre

[…]

vendredi je me sauverai par ma fenêtre
on trouvera quelqu’un pour nous sortir de la bière

on fera de la galerie quelque part
et je perdrai la tête sur toi
mais on aura une histoire juste à nous deux
même si les mots nous manquent
pour s’inventer

nous sommes le monde
mais nous le savons pas


L’observatoire
de Rosalie Lessard (Le Noroît)


Indéfiniment dans l’attente
D’une seconde respiration
Je corrige la maquette du paysage perdu
De mes yeux à la mer.

L’une après l’autre les histoires tombent
Près de toi, j’imite
La côte sablonneuse d’où je viens
Construction d’un grand lac intérieur
Sur la carte géographique des déserts
D’ici.

[…]

On raconte que ce monde existe
Dans nos yeux seulement
Et depuis les premières heures
Parce qu’en tout centre
Il brûle.

Si je ne comprends
Toujours pas
Davantage la généalogie
Qu’un caillou
Pour toi, j’éclaircis.

Du noir nous abrie
Depuis qu’au mot
J’éteins notre lignée d’images.

 

 

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