Jeudi soir dernier, les 62 collégiens et collégiennes composant le jury national du Prix littéraire des collégiens se sont réunis au Château Laurier afin de sélectionner leur lauréat. Le lendemain de la délibération finale, le prix, auquel s'ajoute la bourse Bourgie-Lemieux d’une valeur de 5000$, a été attribué à Là où je me terre de Caroline Dawson (Remue-ménage).

La cérémonie, animée par Valérie Chevalier, s’est déroulée au Salon international du livre de Québec alors que l’édition 2021 s’était tenue entièrement à distance. C’est par voie de communiqué du RIASQ (Réseau intercollégial des activités socioculturelles du Québec) que Caroline Dawson a confié toute l’émotion que lui procure l’obtention de ce prix :

« Ce prix en est un magnifique, puisqu’il suppose que des centaines de jeunes adultes de tous les coins du Québec se rassemblent, se retrouvent, s’entendent. Dans les moments sombres du vivre-ensemble, c’est toujours vers eux et elles que je me suis tournée : on sait y discuter et poser les questions les plus intelligentes mais de façon sensible. Iels ont fait ce qu’on devrait toujours se forcer à faire avec la même fougue : lire, écouter, penser, analyser, débattre. Je suis sincèrement émue et reconnaissante qu’au terme de tout ce magnifique processus, iels aient choisi un livre écrit par une réfugiée qui raconte son histoire. »

Là où je me terre, premier opus de l’autrice, a la force de dire l’anxiété, le déchirement, la douleur, mais parfois aussi la beauté de l’immigration. Il a su plaire aux libraires de notre réseau et il n’est pas étonnant que ce jury d’étudiants, sélectionnés parmi une soixantaine d’établissements d’enseignement collégial, y ait trouvé son compte.

« À quel moment est-ce qu’une enfant d’origine chilienne immigrée au Québec arrête de dessiner les Andes dans un paysage? Quelles parties de nous s’effacent lorsqu’on se construit? De Passe-Partout à Pierre Falardeau, la narratrice décape les différentes couches de sens que recèle la culture québécoise par l’entremise d’une enfant qui doit jongler avec son identité multiculturelle. Les chapitres courts nous présentent divers fragments de la vie du personnage avec une voix accessible sans pour autant être dépouillée de poésie : de quoi alléger les montagnes. Par sa sensibilité, son humour et sa lucidité communicative, le roman à caractère autobiographique de Caroline Dawson montre que notre réalité est plurielle et qu’il est primordial d’être attentif au vécu de chacun. Un récit d’immigration qui dévoile la réalité des femmes, des mères entre autres, et les sacrifices qui s’y rattachent. Lire Là où je me terre, c’est acquérir des outils pour se sensibiliser à l’autre et confronter ses propres perceptions de la société; c’est réaliser que Les mystérieuses cités d’or peuvent aussi faire violence à une enfant qui a quitté les Andes. » – Marc-Étienne Brien, Biblairie GGC (Sherbrooke)

Caroline Dawson se mesurait à quatre autres finalistes qui méritent d’être mentionnés une dernière fois :

Valide de Chris Bergeron (XYZ)

Mukbang de Fanie Demeule (Tête première)

Mille secrets mille dangers d’Alain Farah (Le Quartanier)

Tout est ori de Paul Serge Forest (VLB éditeur)

En complément :
Entrevue avec Caroline Dawson

Photo : © Catherine Aboumrad

Publicité