L'initiative Les libraires conseillent répond à la demande des lecteurs avides de suggestions. Chaque mois, un comité formé d’une quinzaine de libraires établit, après moult discussions passionnées et passionnantes, une sélection de cinq livres. Essais, BD, romans jeunesse ou pour adultes, d’ici comme d’ailleurs, ces cinq livres sont mis de l’avant dans les librairies membres de notre réseau. Cette initiative est une belle occasion de promouvoir des livres jugés particulièrement remarquables, ainsi que de valoriser le rôle primordial de votre libraire. Voici la sélection de juin. Un lot réunissant les cinq livres de la sélection sera tiré le 30 juin 2022 à 16h. Il sera possible de participer au concours dans notre infolettre du 3 juin prochain. Pour vous abonner à notre infolettre, suivez ce lien.


L’hiver de la corneille
Karen McBride (Hannenorak)

Entre cette corneille qui la suit partout depuis qu’elle est de retour dans la réserve qui l’a vue grandir et ces étranges tractations autour des terres que son défunt père leur a léguées, à elle et à son frère, Hazel est désorientée et peine à reprendre le contrôle de sa vie. Qu’est-ce que Nanabush, un esprit anishinabe, cherche à lui faire comprendre? Entremêlant avec une grande finesse la tradition, le conte et la magie de la nature à une enquête aux enjeux politiques et environnementaux, Karen McBride offre un premier roman au ton intimiste, sur la famille et le deuil, et met en lumière ce petit élan que procure le retour à soi, aux siens. Une autrice à découvrir, vraiment!
Chantal Fontaine, Librairie Moderne (Saint-Jean-sur-Richelieu)

 


Les pénitences
Alex Viens (Le Cheval d’août)

La douleur et la vengeance rôdent dans les pages rudes et provocantes de cette première œuvre de fiction de l’autrice. Véritable coup de poing littéraire en plein cœur, ce court roman d’Alex Viens propose une chute dans les crevasses de la violence familiale, de la pauvreté et de la perversité qu’impose la domination.
Billy Robinson, Librairie de Verdun (Montréal)

 


Je prends feu trop souvent
Charlotte Gosselin (Station T)

Alternant entre un coup de crayon tumultueux et un dessin plus fluide, Je prends feu trop souvent présente une vision très personnelle de ce que peut représenter un moment d’égarement où une personne malade doit se faire violence pour ne pas se laisser dériver. La narratrice n’hésite pas à exposer le lecteur à la douleur ressentie à travers diverses situations envahissantes et ombrageuses pour elle-même. Pourtant, on peut voir que même si l’accompagnement de la douceur peut être parfois aussi difficile à supporter au quotidien que la détresse, la narratrice n’abandonne pas de lui faire une place dans sa vie.
Susie Lévesque, Librairie Point de suspension (Chicoutimi)

 


Quincaillerie Miville
Alexandre Côté-Fournier et Geneviève Bigué (La courte échelle)

Pour la première fois, Alexis ne passe pas l’Halloween; il rejoint plutôt ses cousins pour une soirée films et histoires d’horreur. Il choisit de raconter la légende urbaine que son père lui a confiée quelques jours auparavant, qui implique une série de meurtres d’adolescents et un quincaillier louche décédé dans les années 1970. Lorsqu’on appelle le numéro de la quincaillerie, apparemment que le fantôme est là pour répondre… et peut-être revenir d’entre les morts, qui sait? Très intriguée par cette histoire, la cousine Clara convainc Alexis de téléphoner à l’ancienne quincaillerie. Une décision que le garçon regrettera amèrement. Le petit nouveau de la collection « Noire » de la courte échelle a tout pour plaire! Une lecture plutôt terrifiante qu’on peut conclure, si on est courageux, par un appel au numéro de la quincaillerie Miville, inscrit à la fin du roman. Frissons garantis!
Véronique Tremblay, Librairie Vaugeois (Québec)

 


Moeurs 
Alain Deneault (Lux)

Passant en revue les dérives ambidextres d’un monde plus que jamais polarisé, du particularisme délétère ayant gangrené la gauche à l’individualisme décomplexé alimentant les excès de la droite, Deneault fait la brillante, mais consternante démonstration de l’inanité du dialogue de sourds ayant cours depuis déjà plusieurs années au sein de nos sociétés occidentales, tout en dénonçant l’emprise grandissante de la culture du management dans la conduite des affaires d’État. Sans jamais ruer dans les brancards, l’essayiste fustige intelligemment l’aveuglement volontaire, voire le déni généralisé empêchant la prise de conscience des enjeux les plus cruciaux de notre époque, de l’inévitable crise climatique à venir jusqu’à l’impossible pérennité du système capitaliste tel qu’il se déploie depuis la révolution industrielle.
Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura (Jonquière)