L'initiative Les libraires conseillent répond à la demande des lecteurs avides de suggestions. Chaque mois, un comité formé d’une quinzaine de libraires établit, après moult discussions passionnées et passionnantes, une sélection de cinq livres. Essais, BD, romans jeunesse ou pour adultes, d’ici comme d’ailleurs, ces cinq livres sont mis de l’avant dans les librairies membres de notre réseau. Cette initiative est une belle occasion de promouvoir des livres jugés particulièrement remarquables, ainsi que de valoriser le rôle primordial de votre libraire. Voici la sélection de juin.


Filibuste
Frédérique Côté (Le Cheval d’août)

Chaque dimanche, la mère de Delphine, Flavie et Bébé reçoit ses deux plus vieilles à souper à la maison. Le père, un homme plutôt effacé, quitte habituellement peu après le repas pour aller faire son tour de moto dominical, laissant les femmes de la famille s’adonner librement à des conversations où les doléances de la mère côtoient la mesquinerie des filles, dont l’absence d’affinités est heureusement compensée par une complicité aussi farouche qu’improbable. Après qu’un soir, l’inoffensive balade motorisée du père ait pris une tournure dramatique, les tensions du quatuor s’exacerbent et se révèlent. Narration à plusieurs voix, dynamique familiale typiquement dysfonctionnelle, écarts digressifs sur la téléréalité ou autres éléments extérieurs à l’histoire à proprement parler, haines sourdes savamment ravalées, fausse désinvolture, impassibilité de pacotille : ce petit roman est très efficace, les personnages ont une densité appréciable, la mise en récit est habile, le style va droit au but sans être trash, bref : un excellent moment de lecture!
Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura (Jonquière)

 


Wapke
Collectif (Stanké)

Rassemblées sous le thème de l’anticipation, les nouvelles de Wapke, qui signifie « demain », bousculent et chamboulent parce qu’elles témoignent de préoccupations actuelles, amenées vers des futurs exacerbés. Les auteurs et autrices autochtones de ce recueil racontent les conséquences de la négligence face à l’environnement, la blessure béante d’années de ségrégation raciale, l’absence de commodités et de services, mais aussi, le besoin de se réapproprier son autonomie, le tout avec une diversité de tons, d’univers et de voix, et qui somme toute, convergent en un ensemble de textes qui laissent pantois.
Chantal Fontaine, Librairie Moderne (Saint-Jean-sur-Richelieu)

 


Haute démolition
Jean-Philippe Baril Guérard (Ta Mère)

Ce livre m’est rentré dedans comme un énorme coup de poing. Premièrement, cette narration au « tu », c’est tellement direct! J’ai revécu mes plus grosses et poignantes peines d’amour. Et ce personnage de Raph, qui me ressemble un peu (trop)! J’ai dévoré ce livre en une fin de semaine et ça m’a hanté pendant quelques jours. Bref, un coup de cœur! Une autre bonne note pour Jean-Philippe Baril Guérard. Attachez votre tuque avec de la broche et bonne lecture.
Shannon Desbiens, Librairie Les Bouquinistes (Chicoutimi)

 


La voleuse
Daria Colonna (Poètes de brousse)

Après nous avoir offert l’excellent recueil de poésie Ne faites pas honte à votre siècle, Daria Colonna nous présente un ouvrage hybride aux éditions Poètes de brousse. Dans La voleuse, elle revisite certains passages importants de son enfance, de sa relation avec ses parents, mais surtout, elle tente d’analyser la conception de l’amour ainsi que de la violence qu’on retrouve bien souvent dans notre famille. Tout en utilisant des mots parfois durs, Daria emploie beaucoup de tendresse pour dessiner un portrait de sa mère, de son enfance, ou même pour élaborer ses propres incompréhensions face à ses relations familiales. Elle tentera d’éclaircir cette part d’ombre en elle en analysant les origines de cette fureur. Avec ce roman, qui est déjà encensé par la critique, l’auteure montréalaise signe une œuvre bouleversante, douce-amère, mais surtout marquante.
Émilie Bolduc, Librairie Le Fureteur (Saint-Lambert)

 


Occupez-vous des chats, j’pars!
Iris (Pow Pow)

J’ai toujours trouvé le travail d’Iris spontané et amusant. J’ai quelques fous rires douteux à chacune de mes lectures de ses bandes dessinées. Je n’y ai pas échappé encore cette fois-ci! Occupez-vous des chats, j’pars! est tenu comme un journal de voyage. Iris est allée revisiter ses vieux carnets et y a trouvé beaucoup de matière de création. Nous faisons donc un récapitulatif de ses résidences artistiques en Europe lors des premières années de sa carrière en la suivant dans ses périples en France, en Belgique, en Russie et au Japon. L’autrice nous présente une bande dessinée remplie d’émotions sur un ton effervescent où une ribambelle de moments cocasses parcourent les pages. Travaillant au sein d’un centre d’art, je ne pouvais m’empêcher de comparer l’artiste en résidence que je voyais virevolter partout à ce qu’elle décrit dans son livre. Rétrospectif, sensible et drolatique le travail d’Iris pose un regard intéressant sur ce qui assaille les artistes pendant leur période de production.
Susie Lévesque, Librairie Point de suspension (Chicoutimi)