Les libraires conseillent répond à la demande des lecteurs avides de suggestions. Chaque mois, un comité formé d’une quinzaine de libraires établit, après moult discussions passionnées et passionnantes, une sélection de cinq livres. 

Essais, BD, romans jeunesse ou pour adultes, d’ici comme d’ailleurs, ces cinq livres sont mis de l’avant dans les librairies membres de notre réseau. Cette initiative est une belle occasion de promouvoir des livres jugés particulièrement remarquables, ainsi que de valoriser le rôle primordial de votre libraire. 

Voici la sélection de juin :

Bad féministe
Roxane Gay (Édito)

« Dans Bad féministe, Roxane Gay s’affirme comme une voix incontournable de la littérature d’essai contemporaine. Sa curiosité intellectuelle impossible à rassasier la fait se pencher sur des sujets chauds et difficiles comme la culture du viol ou la violence conjugale, aussi bien que sur les téléséries américaines ou certains phénomènes populaires. On est marqué par son humour, son intelligence, par son écriture simple, mais pourtant précise et stylée, et, surtout, par son refus du mépris. Des textes à lire pour apprendre, rire, réfléchir. »
Anne-Marie Genest, librairie Pantoute (Québec)

 

Les fins heureuses
Simon Brousseau (Le Cheval d’août)

« Dans un éventail de vies éparses, Simon Brousseau livre le quotidien de personnages ordinaires avec un humour incisif et un regard lucide. On savoure les trois capsules « Lettre à un nageur », hilarantes, et les troublantes, mais non moins drôles « E-confessions ». L’auteur s’amuse avec les doutes, la culpabilité et la petitesse d’esprit, ces petites failles qui se tapissent en chacun de nous et qui surgissent à l’occasion. Il en tisse son fil conducteur, dévoilant nouvelle après nouvelle, une trame intelligente et mordante. » 
Chantal Fontaine, librairie Moderne (Saint-Jean-sur-Richelieu)

 

 

Jérusalem
Alan Moore (Inculte)

« Pendant dix ans, le magicien du comics champ gauche s’est enfermé dans son étude pour donner forme à son magnum opus, laissant macérer les métaphores et sublimant l’histoire morcelée de sa ville natale, Northampton, l’ambitieuse condamnée à la déception. Avec une idée maîtresse, maintes fois embrassée en pensée, celle du temps comme espace inlassablement revisitable et éternellement existant, Alan Moore nous ensorcelle pour nous mener aux confins d’une expérience de lecture totale, épuisante et formatrice. Si les douze travaux du lecteur existaient, ils s’incarneraient dans ce livre qui se joue des genres, compose sa partition comme une alléchante carte au trésor fragmentée et soumet à la rigueur du parcours du combattant, poussant à zigzaguer follement entre les obstacles formels. D’une densité remarquable, fournissant de quoi réfléchir à chaque page, Jérusalem n’est pas pour autant un fouillis postmoderniste comme il s’en fait tant. La persévérance paie et les réponses arrivent même si c’est au compte-goutte et toujours énigmatiquement. Derrière ces histoires de gang d’enfantômes, de bâtisseurs au sang doré et de démons aplatis, c’est la mémoire ancestrale d’un lieu et des gens qui l’ont fait qui est immortalisée. Pour les adeptes d’histoires un peu moins patentées, rassurez-vous, car vous y croiserez également Samuel Beckett, Lucia Joyce, Oliver Cromwell et même Newton dans des habits d’argentier. Le souvenir est impérissable, l’instantané à jamais préservé. Un livre immuable qui restera sur vos tablettes jusqu’à ce que vos descendants le fassent revivre avec délectation et reconnaissance. »
Thomas Dupont-Buist, librairie Gallimard (Montréal)

 

Pacific Bell
Julie Hétu (Alto)

« Sofia Loera est déchirée entre les ordres du dangereux cartel pour lequel elle est contrainte de travailler et son désir d’être réunie avec son fils. Elle lui raconte une histoire sur les ondes d’une radio en plein milieu du désert des Mojaves. Une histoire influencée à la fois par son propre passé et par sa folie. Une histoire qui attire trop l’attention et qui pourrait lui coûter cher. Pacific Bell nous transporte parmi les cactus et nous laisse envoûtés, à la manière d’un chant de sirène. »
Julie Mavie Coutellier-Savard, Librairie du soleil (Hull)

 

L’homme gribouillé
Serge Lehman, Frederik Peeters (Delcourt)

« L’homme gribouillé est une BD comme on en trouve peu, pouvant convenir aux fans de comics sombres comme aux amateurs de romans graphiques. Par son scénario touffu et finement imaginé, Lehmann nous entraîne dans un univers de réalisme magique gothique. Au dessin, Peeters fait encore une fois la preuve de son talent quand, d’un coup de crayon, il transforme en forme lugubre ce qui était familier et ordinaire à la case précédente. Une BD incontournable de cette année! » 
Anne-Marie Genest, librairie Pantoute (Québec)