Les libraires conseillent répond à la demande des lecteurs avides de suggestions. Chaque mois, un comité formé d’une quinzaine de libraires établit, après moult discussions passionnées et passionnantes, une sélection de cinq livres. 

Essais, BD, romans jeunesse ou pour adultes, d’ici comme d’ailleurs, ces cinq livres sont mis de l’avant dans les librairies membres de notre réseau. Cette initiative est une belle occasion de promouvoir des livres jugés particulièrement remarquables, ainsi que de valoriser le rôle primordial de votre libraire. 

Voici la sélection de décembre :

 

Une fille pas trop poussiéreuse
Matthieu Simard (Stanké)

Une fille pas trop poussiéreuse est un roman post-apocalyptique rempli d’ironie, d’autodérision et de phrases à couper le souffle (les personnages ont d’ailleurs le souffle court à cause de la mauvaise qualité de l’air lorsqu’une couverture de poussière s’abat sur eux)! Matthieu Simard nous livre une œuvre intelligente en se mettant en scène comme personnage principal, avec des références amusantes ou amères sur le monde qui nous entoure. Ce n’est pas facile pour un auteur de décrire une fin du monde avec humour, mais le ton du livre est tout à fait juste, entre le cynisme et la mélancolie. Dans un contexte comme celui-ci, l’amour est-il réellement nécessaire pour trouver le bonheur? Et peut-on encore y aspirer quand tout le monde meurt autour de nous?
Mathieu Lachance, librairie Le Fureteur (Saint-Lambert)

 

 

Partir pour raconter
Michèle Ouimet (Boréal)

Pour avoir lu plusieurs des papiers de Michèle Ouimet parus dans La Presse, je connais sa plume, j’apprécie sa rigueur et son intransigeance, je saisis ses non-dits qui témoignent de sa colère autant que de son humanisme. Maintenant retraitée, elle revient ici sur ses reportages qui l’ont menée ailleurs, là où la guerre sévissait. Du Rwanda au Liban, de l’Afghanistan à la Syrie, isolée au milieu d’hommes hostiles, la journaliste s’expose dans ces textes où elle dévoile ses peurs et ses moments de découragement, sa ténacité et ses limites. Sans complaisance, elle nous parle des dessous de son métier avec beaucoup d’humilité. Une lecture passionnante, vraiment.
Chantal Fontaine, librairie Moderne (Saint-Jean-sur-Richelieu)

 

Mélancolies identitaires : Une année à lire Mathieu Bock-Côté
Mark Fortier (Lux)

Le projet complètement dingue de lire du Mathieu Bock-Côté pendant un an, en prenant des notes, avec un cerveau de sociologue doublé d’un esprit critique assez développé et d’une érudition étonnamment accessible. S’il est vrai qu’on ne peut raisonnablement pas effectivement considérer un an de chroniques sous l’angle d’un seul et même ouvrage suivi et cohérent, il n’en demeure pas moins que celles-ci émanant toutes du même cerveau, le projet de se livrer à l’exercice de voir en quoi ladite pensée est un ensemble analysable est louable et fondé. Un livre qui ne se prive pas d’être drôle tout en étant néanmoins très sérieux dans son propos et son approche. Cette collection d’essais là est formidable, ce titre en témoigne une fois de plus. Lisez-moi ça!
Philippe Fortin-Villeneuve, librairie Marie-Laura (Jonquière)

La maison est vivante
Emmanuel Simard, Nicolas Lévesque (Poètes de brousse)

Emmanuel Simard est l’un de ces rares astres assez incandescents pour pouvoir éclairer seul son coin de ciel. C’est que la promotion de sa poésie n’est pas prise en charge par une famille de lobbyistes acharnés. Pour briller, elle n’a que sa virtuosité et sa sincérité sur lesquelles compter. Il est grand temps de saluer l’œuvre de ce poète qui avec la patience des marées sculpte les splendeurs telluriques de son paysage intérieur. Poursuivant la recherche entamée dans ses livres précédents sur la filiation et le rapport au territoire, il traque ici un père fantomatique, présence ectoplasmique qui le force à défricher à l’instinct et à travers le regard de ses enfants la périlleuse voie vers la paternité accomplie. Comme dans le sublime Derniers souverains, le texte dialogue avec les photos du talentueux Nicolas Lévesque, tirées cette fois-ci d’un carnet de note moderne communément nommé « cellulaire ». La nature saguenéenne s’y révèle contrastée, alternant l’infiniment petit et ses motifs immenses avec l’infiniment grand et les sensations de petitesse salutaire qu’il suggère. Ample poésie avec laquelle il fait bon décoller les pieds du sol, sol qui nous fait parfois si lourd.
Thomas Dupont-Buist, librairie Gallimard (Montréal)

 

copine et Copine
Kim Nunès, Marie-Chantal Perron, Tammy Verge, Amélie Dubois (L’Homme)

copine et Copine est une bande dessinée qui m’a prise par les émotions, en partie parce que le sujet premier est la perte d’un être cher. Bien que cela semble être le noyau de l’histoire, j’y ai vu plutôt un hymne à une relation enfant-adulte sans abus d’autorité et dépourvue de jugements. J’aime voir ce magnifique duo évoluer au fil des pages qui nous dévoilent des illustrations, en noir et blanc, aussi surprenantes les unes que les autres. J’ai adoré cette œuvre, du début à la fin, et j’ai été touchée de suivre les aventures de deux copines exceptionnelles.
Justine Saint-Pierre, librairie du Portage (Rivière-du-Loup)