Umberto Eco : un géant est mort

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« Si Dieu existait, il serait une bibliothèque. »
Umberto Eco

 

« Le plus lettré des rêveurs », « le savant populaire », « l’homme qui savait tout », « l’écrivain qui a changé la culture italienne »… La planète littéraire est en deuil d’un géant du monde des idées. Umberto Eco, l’illustre philosophe, romancier et essayiste italien qui a conquis le monde avec son indémodable Le nom de la rose, est décédé le vendredi 19 février, en soirée, à son domicile milanais. L’érudit de 84 ans souffrait d’un cancer. 

Né dans une famille de la petite bourgeoisie du Piémont, en Italie, Umberto Eco vit la guerre pendant son enfance. Après des études en philosophie, il s’inscrit dans le mouvement de la Nouvelle avant-garde italienne, en participant à différentes revues, en dirigeant une collection d’essais philosophiques et en multipliant les textes dans les journaux. Parallèlement, l’intellectuel enseigne dans diverses universités (Florence, Milan, Bologne, etc.).

Acteur clé de la sémiotique – la science des signes– et grand théoricien du langage, Umberto Eco se distingue par la rigueur et la richesse de sa pensée. Avec acuité, il dissèque la société dans lequel il évolue, s’intéressant notamment aux médias, à la culture populaire et à la littérature de genre.

La parole d’Umberto Eco, d’une finesse certaine, peut être retrouvée par ses nombreux ouvrages. On y découvre parfois tout l’humour de l’homme (Construire l’ennemi, Pastiches et postiches, Comment voyager avec un saumon), on s’émerveille devant l’ampleur de ses connaissances (Histoire de la beauté, Histoire de la laideur, Vertige de la liste), on se laisse inspirer par ses commentaires (Confessions d’un jeune romancier).

C’est en 1980 qu’il publie son premier roman, Le nom de la rose, qui connaît un succès mondial incontestable, ravissant une pléiade de lecteurs avec cette enquête historico-policière en temps de crise politique et religieuse. Traduite en 40 langues et adaptée sous différentes formes, l’œuvre a entraîné une vague d’ouvrages souvent inspirés par cette aventure originale. Huit ans plus tard, il retourne à la fiction avec l’aussi grandiose Pendule de Foucault, qui nous fait traverser plusieurs siècles dans une autre investigation pleine de rebondissements.

Parmi ses plus récents ouvrages, soulignons Histoire des lieux de légende (Flammarion), qui répertorie les mondes imaginaires marquants de la littérature et du folklore, et Numéro zéro (Grasset), un roman construit autour d’un groupe de journalistes milanais.

Le grand lecteur – on dit que sa bibliothèque personnelle comptait plus de 50 000 ouvrages! – laisse derrière lui une riche bibliographie qui inspirera des générations de penseurs et qui divertira les lecteurs d’aujourd’hui et de demain. Chapeau bas, cher grand homme!

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