Nous apprenions le 30 décembre dernier que la romancière à succès M.C. Beaton s’éteignait. Cette dame des lettres d’origine écossaise qui fut également libraire, journaliste et éditrice, avait 83 ans et laisse derrière elle une œuvre considérable d’histoires d’amour, de romans historiques et de polars où les charmes bucoliques des paysages anglais se frottent à des meurtres mystérieux où l’humour tient une grande place. Preuve de son succès, plus de 15 millions d’exemplaires de sa série « Agatha Raisin enquête » ont été vendus (et ces chiffres datent d’avant sa traduction en français par Albin Michel!).

Rappelons qu’une adaptation télé a même été faite de cette série, que l’on a pu voir à Radio-Canada. Cependant, les romans gagnaient de loin en profondeur dans les intrigues sur cette adaptation qui, néanmoins, permettait d’admirer les magnifiques paysages des Cotswolds dans lesquels évoluaient les histoires de madame Beaton. « Les Cotswolds, dans les Midlands de l’Angleterre, sont sans nul doute l’une des rares merveilles du monde issues de la main de l’homme, avec leurs pittoresques villages de maisons en pierre dorée, leurs jolis jardins, leurs petites routes sinueuses et verdoyantes et leurs églises anciennes », nous disait-elle lorsqu’elle nous a accordé une entrevue en 2016. Elle avait décidé d’élire domicile dans cette région afin de se rapprocher de l’Université d’Oxford où son fils étudiait. La solitude, les traditions qui semblent parfois ancestrales, cette façon protocolaire d’aborder les gens, tout ça, elle l’a vécu avec étonnement avant de choisir de transposer le tout dans sa série, mettant en scène une détective amateur, quinquagénaire, qui ne cadre pas du tout avec le lieu : citadine amoureuse de Londres, ancienne grande dame de la communication et célibataire qui a à cœur de trouver l’amour. C’est justement ce contraste qui plaît tant.

M.C. Beaton était en fait le pseudonyme de Marion Chesney. D’ailleurs, cette auteure utilisera plusieurs autres pseudonymes, chacun d’entre eux étant lié à un genre d’écriture. En entrevue, elle nous en avait expliqué les raisons : « Lorsque j’ai écrit ma première histoire de détective – j’avais déjà écrit plus de 100 romances historiques –, mon éditrice new-yorkaise m’a demandé de trouver un pseudonyme. Elle disait que les critiques pourraient penser qu’une auteure de romans d’amour ne pouvait pas écrire d’histoires de détective. J’ai donc choisi le mien grâce à une vieille ballade écossaise : “Yestreen the Queen had four Maries, The nicht she’ll hae but three./There was Marie Seaton, Marie Beaton, Marie Carmichael and me.” Je leur ai dit de choisir. Ils ont pris Beaton et ont ajouté M.C. pour Marion Chesney, mon nom de jeune fille. »

Récemment, Albin Michel traduisait en français une nouvelle série de M.C. Beaton, « Hamish MacBeth », mettant en vedette un « Hercule Poirot » en plein cœur des Highlands.

Nous disons donc au revoir à cette auteure qui laisse derrière elle une œuvre foisonnante et hautement divertissante et nous vous conseillons vivement d’aller la découvrir avec La quiche fatale, le premier volet de sa saga « Agatha Raisin enquête ».

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