Mardi dernier, Pierre Belfond, géant de l'édition, est décédé à son domicile de La Celle-Saint-Cloud des suites d'un arrêt cardiaque. Il avait 88 ans.

Né à Paris le 25 août 1933, Pierre Belfond n’avait, au départ, pas prévu faire carrière dans le milieu de l’édition. Après des études en droit, il se rend en Algérie pour accomplir son service militaire, accompagné de sa femme, Franca. Durant ces vingt-neuf mois en sol algérien, Franca travaille en librairie. La magie du livre opère de telle sorte sur elle qu’elle déteindra éventuellement sur Belfond. À leur retour à Paris, le couple concrétise l’idée de relancer des classiques de la littérature difficilement accessibles en librairie pour en faire une collection de poche à petit prix.

Ainsi, c’est en 1963 que les éditions Belfond sont mises sur pied et elles seront dirigées par le couple jusqu’en 1991. Après une première décennie aux maigres finances, Belfond connaîtra un parcours jalonné de coups retentissants. Il fera redécouvrir aux lecteurs français les sommités que sont désormais Stefan Zweig, Francis Scott Fitzgerald, Colleen McCullough et Margaret Mitchell. Il éditera, en France, le premier écrivain africain prix Nobel de littérature, le Nigérian Wole Soyinka. En 1985, il deviendra le premier éditeur de romans à introduire sa société en Bourse. Michèle Benbunan, directrice générale du Groupe Éditis, relate avec justesse l’influence de Belfond sur la vaste littérature de langue française :

« Pierre Belfond a marqué le monde de l’édition par sa curiosité insatiable, les talents qu’il a fait découvrir en France, sa vision d’une culture populaire et accessible, et les innovations en termes de genre et de formats qu’il a impulsées. L’édition lui doit beaucoup. »

S’il cède le contrôle de sa société en 1989, puis en quitte la présidence deux ans plus tard, son travail a marqué le monde de l’édition de façon pérenne. Ses mémoires, rééditées par Archipoche en 2021, demeurent disponibles pour quiconque souhaiterait s’inspirer de ce grand homme.

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