Les étudiants de Lettres, les universitaires et autres amoureux de l’étude des livres pleurent la mort, ce vendredi matin, du théoricien et critique littéraire français Gérard Genette, à 87 ans. Élaborant diverses théories dont celle de la transtexualité, définie dans Palimpsestes comme la mise en relation de divers énoncés et concepts textuels entre eux, Gérard Genette avait apporté une pierre immense à l’édifice de l’analyse littéraire. Figures III, troisième essai d’une série de cinq placée sous la direction de Roland Barthes, lui avait permis de développer sa conception de l’analyse narratologique, avec la définition de concepts devenus centraux dans l’enseignement de la littérature.

Outre ses activités et ses apports à la critique et à l’analyse littéraire, Gérard Genette a fondé la revue Poétique avec l’essayiste et critique d’origine bulgare Tzvetan Todorov, à parution trimestrielle et éditée par la maison Seuil. Il dirigeait d’ailleurs la collection éponyme dédiée à la théorie littéraire. Outre ses apports pluriels à la théorie et l’analyse littéraires, son approche du discours et des mécanismes du langage, son recours aux « mots-chimères » et son emploi des abécédaires, Gérard Genette a également été actif politiquement, adhérant au Parti communiste français de 1948 à 1956.

Mais ce qu’on retiendra sûrement de l’ancien directeur de recherches de l’École des hautes études en sciences sociales et du professeur invité de l’Université de Yale est cette facilité, cette aisance avec les mots et le lexique. Les dictionnaires manquant de jeux de mots, il les ajoute, à l’image de son « anarchiviste » désignant le bibliothécaire bordélique ou la célèbre « proustituée », cette cocotte à la recherche du temps perdu. Genette disait que « le temps des œuvres n’est pas le temps défini de l’écriture, mais le temps indéfini de la lecture et de la mémoire ». Ce que nous ne commenterons pas aujourd’hui – l’analyse littéraire a pris congé.  

 

Crédits photos : Université Rennes 2 / CREA

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