Décès du philosophe Ruwen Ogien

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Le philosophe français d’origine allemande Ruwen Ogien est mort le 4 mai dernier d’un cancer du pancréas déclaré il y a quatre ans. Ayant toujours refusé de préciser l’année de sa naissance, « j’aurais l’impression de voir ma mort » confie-t-il au journal Libération, on ne connaît pas exactement l’âge qu’il avait au moment de son décès. On sait cependant qu’il arrive en France avec sa famille en 1949 peu après sa naissance.

La philosophie d’Ogien accorde la primauté à la liberté individuelle, pourvu qu’elle ne contrevienne pas au bien des autres. Il est donc en faveur du mariage homosexuel, de l’homoparentalité, de la gestation pour autrui, de la prostitution si elle est fait par libre choix. Il a publié plus d’une trentaine d’essais dont Penser la pornographie (2003, PUF) pour lequel il a obtenu le prix Sade. Il a également reçu le prix Procope des Lumières pour L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale (2011, Grasset). À propos de ce livre, le libraire Thomas Dupont-Buist de la librairie Gallimard à Montréal dit : « En bon vulgarisateur, Ogien communique son amour de la réflexion au lecteur tout en saupoudrant au passage quelques pincées d’humour. »  En janvier 2017, il faisait paraître Mes mille et une nuits. La maladie comme drame et comme comédie (Albin Michel) où, philosophe jusqu’au bout des doigts, il s’interroge sur le sens, ou plutôt sur l’absence de sens dans la maladie.

« Au vue de certaines recherches récentes en psychologie morale, on pourrait penser que les humains sont non seulement plus moraux qu’on a tendance à le dire, mais beaucoup trop moraux, c’est-à-dire beaucoup trop enclins à juger les autres, à faire la police morale, à fouiner dans la vie des gens, à se prendre pour des saints. 
C’est ce que John Stuart Mill suggérait déjà lorsqu’il écrivait : ‘’ Il n’est pas difficile de montrer, par de nombreux exemples, qu’étendre les limites de ce qu’on peut appeler la police morale, jusqu’à ce qu’elle empiète sur la liberté la plus incontestablement légitime de l’individu, est, de tous les penchants humains, l’un des plus universels’’. »

Ruwen Ogien, L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale

Photo : JLPPA – Bestimage

 

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