Le mois dernier, Normand Chaurette a tiré sa révérence, laissant le monde du théâtre orphelin. Celui dont on disait que ses pièces étaient injouables a tout de même créé une douzaine de pièces de théâtre, pour la plupart saluées et encensées par la critique d’ici comme celle à l’international. Portrait d’un homme qui a donné le ton au théâtre québécois dès les années 1980.

Né en 1954, Normand Chaurette étudie en littérature à l’Université de Montréal. En 1976, il reçoit le premier prix du IVe concours d’œuvres dramatiques de Radio-Canada pour son texte Rêve d’une nuit d’hôpital, qui évoque le destin d’Émile Nelligan. Il enseigne par la suite le français dans un centre d’accueil pour réfugiés asiatiques qu’il a lui-même fondé tout en rédigeant ici et là des critiques et des nouvelles. Il devient éditeur chez Leméac de 1984 à 1988. Il écrit plusieurs pièces qui reçoivent un accueil favorable, dont Fêtes d’automne et Fragments d’une lettre d’adieu lus par des géologues. Il connaît un franc succès avec Les Reines, la première pièce québécoise à être produite par la Comédie-Française. Ses pièces Le passage de l’Indiana et Le Petit Köchel, écrites en 1996 et en 2001, obtiennent respectivement le Prix littéraire du Gouverneur général.

Spécialiste de l’œuvre de Shakespeare, il y consacre un essai en 2011, sous le titre Comment tuer Shakespeare, pour lequel il remporte encore une fois le Prix littéraire du Gouverneur général. Aussi traducteur, il traduit une douzaine de pièces, dont Marie Stuart, de Schiller, Hedda Gabler, de Ibsen et plusieurs textes de Shakespeare. Auteur de plusieurs nouvelles, il a aussi écrit un roman, Scènes d’enfants, le tout publié chez Leméac. Encore tout récemment, il enseignait à l’École nationale de théâtre, formant la relève en dramaturgie.

Normand Chaurette a marqué son époque en ramenant un langage soigné au théâtre, délaissant le joual alors de mise. Les phrases sont longues, sans ponctuation. Si ses pièces étaient difficiles à jouer, elles permettaient aux acteurs et aux actrices d’exceller, leur permettant de porter un texte puissant. Ses quarante ans de carrière auront façonné le théâtre d’ici, et on ne peut qu’espérer voir renaître ses pièces sur scène dans un avenir proche.

Toutes nos condoléances à ses proches et à ses ami.es ainsi qu’à tous ceux et celles qui l’ont côtoyé.

Photo : © DR / Leméac

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