C’est en 1973 la première fois qu’est publiée la bande dessinée Les aventures de Capitaine Kébec aux éditions de L’Hydrocéphale entêté, maison d’édition qu’il a fondée avec Jacques Hurtubise, Gilles Desjardins et Jean Villecourt. Il faudra attendre une dizaine d’années pour lire une suite, si mince soit-elle, dans la revue Titanic, l’ancêtre de la revue Croc. Capitaine Kébec est rapidement devenu une icône pour cette époque foisonnante. D’ailleurs, Pierre Fournier a créé la première émission au monde consacrée à la bande dessinée, nommée Les amis de Capitaine Kébec, de 1974 à 1975, sur Cable Vision. Il y a reçu rien de moins que Will Eisner, Enki Bilal et Hugo Pratt, notamment.
La revue Croc, fondée par Jacques Hurtubise, voit le jour en 1979. Dès ses débuts, Pierre Fournier et Réal Godbout y publient les histoires de Michel Risque, qui deviennent rapidement le clou de la revue. Les deux comparses mettent alors en vedette un personnage qui gravite dans Michel Risque, Red Ketchup, cet agent du FBI survolté par la cocaïne, qui fera ses classes dans la revue Titanic, puis Safarir, toutes deux plus de ce monde. Heureusement, les éditions de La Pastèque ont publié les intégrales de Michel Risque et celles de Red Ketchup, permettant aux nostalgiques de renouer avec ces aventures. Et bonne nouvelle, Red Ketchup sera adaptée pour la télé par Martin Villeneuve et diffusée en 2023 sur Télétoon!
Pierre Fournier a été couronné deux fois du prix Albert-Chartier : en 1991, pour sa contribution à la bande dessinée québécoise, et en 2022, avec Réal Godbout, pour souligner leur longue carrière dans le milieu du 9e art. Pierre Fournier a également été intronisé au Temple de la renommée de la bande dessinée canadienne en 2008. Aussi scénariste pour la télévision, en plus d’être historien et spécialiste de la littérature fantastique et du cinéma d’épouvante, il a reçu le prestigieux prix Rondo Award pour son blogue Frankensteinia.
Né en 1949, Pierre Fournier est décédé à 72 ans, entouré des siens, des suites d’une maladie neurodégénérative. Jean-Dominic Leduc, chroniqueur BD dans nos pages, a eu ces mots magnifiques : « Enfin libéré de la souffrance, il s’envole le cœur léger, tel un Capitaine Kébec pourfendant les cieux. » Nos sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Photo : © Jean-Dominic Leduc
