« Dans la tradition des peuples autochtones, on disait aux jeunes individus d’être à l’écoute d’eux-mêmes pour découvrir le talent qui leur avait été donné à la naissance. Le jeune Michel Noël a tôt fait de comprendre que le sien passerait par l’écriture, et le temps lui a donné raison. À 71 ans, il est devenu, comme il aime lui-même le dire, un « passeur d’histoires », un vigile qui prend soin de garder la mémoire des premiers habitants de notre territoire », écrivions-nous en 2016, à l’occasion d’une entrevue avec l’auteur Michel Noël.

Nous apprenons avec tristesse que cet auteur est décédé d’un infarctus durant la fin de semaine.

Au cours de sa carrière, Michel Noël aura su faire rayonner la culture et la littérature autochtones grâce à ses livres. Né de parents d’origine algonquine en bordure de territoires amérindiens, il a effectivement écrit moult ouvrages de grande qualité sur les Premières Nations. On peut penser à Pineshish, la pie bleue, une légende amérindienne où une pie bleue cherche refuge lors d’une tempête. Le seul arbre à lui offrir son hospitalité sera le sapin. En réponse à l’orgueil des feuillus, mère Nature fera depuis tomber leurs feuilles l’hiver venu… On peut également penser à la série documentaire qu’il publiait chez Auzou, où plusieurs nations autochtones étaient présentées, selon leurs us et coutumes ancestraux, mais également contemporains. Il y a aussi ses séries chez Dominique et compagnie, de courts documentaires pour premiers lecteurs mettant de l’avant différentes nations et les histoires des Papinachois.

« Depuis des temps immémoriaux, nous avons appris beaucoup de choses en observant les animaux, en respectant les arbres, en naviguant au gré des courants sur les rivières qui vont de lac en lac, en écoutant attentivement les vents qui viennent de partout, chargés de paroles. La Nature est notre école et nous n’aurons jamais fini d’apprendre » : voilà un exemple de ce qu’on lit dans son roman Miguetsh! (aussi édité sous le titre Hush! Hush!). Inspiré en partie de l’enfance de l’auteur, ce récit raconte l’histoire d’un Autochtone de 14 ans qui apprend la vie traditionnelle des trappeurs. On y apprend, dans cet hymne aux méthodes ancestrales, comment certains peuples ne font qu’un avec l’aridité de la forêt.

Toujours dans l’entrevue accordée en 2016, Michel Noël disait : « J’adore la parole, j’aime parler. Je trouve que la plus belle invention de l’humanité, c’est la parole. C’est ce qu’on a de plus beau et de plus noble. » Chaque année, il rencontrait ainsi de 4000 à 5000 jeunes à travers les écoles et les salons du livre à qui il racontait son histoire. « Je leur dis, toujours avec une pointe d’humour : “Dans 30 ans, je ne serai pas là, mais vous allez être là et je ne veux pas être remplacé par n’importe qui!” », lit-on avec un certain sourire aujourd’hui. Puisque depuis 2016, il faut avouer que la littérature autochtone – peut-être bien sous l’influence de monsieur Noël, justement – a fait des bonds de géants.

Miguetsh, monsieur Noël, et nos condoléances à tous ses proches et à sa famille.


Photo de Michel Noël : © Sylvie Roberge

Publicité