Vus de dos les tournesols s’empalent sur le couchant
l’espace descend dans la langue mouillée des histoires
démentes
j’habite vue de dos ce silence d’icône

Fors le silence
, Diane-Ischa Ross

 

L’auteure québécoise Diane-Ischa Ross est morte à l’Hôpital Charles-Lemoyne à Montréal le 25 février dernier à l’âge de 71 ans. Elle a fait paraître cinq recueils de poésie aux éditions Triptyque et plusieurs de ses textes ont été publiés dans des revues littéraires et de sciences humaines. À la nouvelle de sa mort, son éditeur écrivait sur sa page Facebook : « À notre énorme désarroi, l’écrivaine Diane-Ischa Ross s’est éteinte avant-hier. Elle disait ne rien comprendre à la vie et qu’il suffisait de lire ses poèmes pour s’en rendre compte. Avait-elle tort? Nous voudrions répondre oui. La lire nous a permis d’appréhender la vie autrement, avec une essence nouvelle, pure, viscérale. Quelque chose de profondément vertigineux, mais aussi de si simple, comme une évidence. Sous sa plume, tout prenait un sens, tout redevenait enfin parfait. »

La poète a reçu le prix Rina-Lasnier pour son premier recueil Ces yeux mis pour des chaînes (2003). « Les regards aimants me tiennent debout, comme les tuteurs qui assurent aux arbres violentés leur verticalité nécessaire. » Elle a aussi été finaliste au prix de poésie Alain-Grandbois pour son livre Fors le silence (2006).

Diane-Ischa Ross était quinziémiste et s’intéressait à l’histoire des mentalités. Elle avait également un attrait distinctif pour les journaux d’écrivains et la particularité de la voix écrite à la première personne.

L’auteur Bertrand Laverdure, qui a déjà été l’éditeur de la poète, écrit par le biais des réseaux sociaux : « Je considère ses livres de poèmes comme de grands livres contemporains. […] Son œuvre possède une grande et belle cohérence. Une grande poète n’est plus. »

En 2012, lors de la sortie de Disparaître et l’été, le poète Maxime Catellier, alors chroniqueur en nos pages, écrivait : « Cela m’avait frappé en 2010 lors des 5 à souhaits, ces lectures accompagnées par le piano de Pierre St-Jak et animées par José Acquelin dans le cadre du Festival international de la littérature. Devant la silhouette ténue de Diane-Ischa Ross, j’écoutais cette poésie à mi-chemin entre la confession et la peinture. Peinture des soubresauts de l’âme devant les beautés éphémères qui nous surprennent, nus et tangibles, dans la solitude de nos abris. Elle vient de faire paraître Disparaître et l’été, où l’on retrouve avec joie cette voix singulière qui brosse des tableaux vivants sous nos yeux, tout en gardant le lecteur contre son pouls, à deux battements d’ailes du corps : « J’ai mal à l’oreille/comme à celle déchirée du braque/c’est la mienne une peau contre la tête/qui lance comme celle des chasseurs/au bout de leur regard/mon oreille fraternelle de lièvre et de loup« . »

Son plus récent recueil, Les jours tigrés, est paru en 2015. À propos de celui-ci, le poète et critique Mathieu Simoneau a écrit dans la revue Nuit blanche : « […] on entre dans un univers où nous attendent, tapies dans l’ombre, des images d’une grande puissance qui surprennent à plusieurs détours. » 

 

Photo de Diane-Ischa Ross : © Lucie Bélanger

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