C'est à l'âge de 83 ans que l'écrivaine québécoise Michèle Lalonde est décédée le 22 juillet 2021 à Montréal, entourée de deux de ses enfants. Michèle Lalonde laissera une trace indélébile dans l'histoire québécoise, notamment par sa poésie engagée et ses textes portant sur l'identité et la question de la langue. Elle connaît la célébrité avec son poème Speak White, un texte écrit debout.

Son œuvre comprend non seulement plusieurs recueils de poésie, mais également des pièces de théâtre, dont Ankrania ou Celui qui crie (1957) et Dernier recours de Baptiste à Catherine (1977), puis les essais Défense et illustration de la langue québécoise (1979) et Cause commune : manifeste pour une internationale des petites cultures (1981) écrit avec Denis Monière. Grâce à ses écrits sur la question nationale et linguistique, Michèle Lalonde se voit propulsée sur plusieurs tribunes. Elle a pu écrire à la fois pour la radio, le cinéma et même le monde du spectacle. La revue Liberté l’a comptée parmi ses collaborateurs actifs. Le Prix Duvernay a été décerné à Michèle Lalonde pour l’ensemble de son œuvre en 1980.

Lu pour la première fois par une comédienne en octobre 1968 à la Comédie-Canadienne (maintenant le TNM) lors d’une soirée-bénéfice en soutien à deux militants du FLQ, Pierre Vallières et Charles Gagnon, le poème Speak White sera lu par Michèle Lalonde le 27 mars 1970 à l’occasion de la mythique Nuit de la poésie au théâtre Gesù de Montréal. Une cinquantaine de poètes y ont été entendus par quelque 4 000 spectateurs. Le texte Speak White en est un fondamental de la poésie québécoise.

La nuit de la poésie 27 mars 1970, par Jean-Claude Labrecque et Jean-Pierre Masse, offert par l’Office national du film du Canada

« Speak white
soyez à l’aise dans vos mots
nous sommes un peuple rancunier
mais ne reprochons à personne
d’avoir le monopole
de la correction de langage »

Le poème Speak White* tire ses origines du recueil Terre des hommes : Poème pour deux récitants (1967), écrit sur les mêmes thèmes de solidarité et de résistance. À titre de poète, Michèle Lalonde signe aussi Songe de la fiancée détruite (1958), Geôles (1959), Portée disparue (1979) et Métaphore pour un nouveau monde (1980).

Pierre Falardeau et Julien Poulin réalisent en 1990 un court métrage superposant images percutantes au célèbre poème de Michèle Lalonde, disponible ici sur le site de l’ONF.

* Lire la version intégrale du poème : ici.
Photo de Michèle Lalonde : © Jean-Claude Labrecque et Jean-Pierre Masse (Nuit de la poésie 1970)

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