Décès de l’écrivain Jean Métellus

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L’écrivain Jean Métellus, né à Jacmel en Haïti le 30 avril 1937, est mort à Paris ce samedi 4 janvier. À cause du régime répressif de Duvalier, il arrive en France en 1959 où il poursuit des études de médecine. Il occupera donc le double emploi de poète et de neurolinguiste, l’un enrichissant l’autre pour préserver le caractère humain et universel de son oeuvre.

Femme noire
La femme noire a un enfant qui la tient en alerte
La femme noire a un enfant et des seins douloureux
C’est une accouchée d’hier
Les douleurs l’ont surprise à la cueillette du café
Là sous le caféier sur la veste de son mari, la tête
contre un palmier,
les pieds plantés dans la terre, elle a poussé
son enfant
L’eau de la source est pure
La chaleur du corps tendre
Elle reprit son travail avec au sein l’enfant
dans une main, la machette
Le sarclage recommence, la cueillette de plus
belle, la mère engrosse le terre pour pouvoir
donner du lait à son enfant
(Extrait du recueil Au pipirite chantant)

C’est à l’âge de trente ans qu’il commence à écrire des poèmes, «dans une sorte de somnambulisme : je n’étais pas absolument conscient de ce que je faisais. Après, j’ai continué parce que je ne pouvais plus m’arrêter». Il est aussi romancier (Jacmel au crépuscule, Toussaint Louverture le précurseur, Une eau-forte), dramaturge (Anacaona, Henri le cacique) et essayiste (De l’esclavage aux abolitions, XVIIe ‑ XXe siècles, Vive la Dyslexie !).

Il reçoit le Grand Prix international Léopold Sédar Senghor de Poésie de langue française en 2006, le Grand Prix de Poésie de la Société des gens de lettres en 2007 et le Prix international de Poésie francophone Benjamin Fondane, prix qui couronnent tous l’ensemble de son œuvre.

Si la médecine possède d’évidents bénéfices, « la poésie, c’est le nerf qui maintient en vie les forces de résistance de l’homme », disait si justement Jean Métellus.

Sources:

NouvelObs

Humanité

Photo : Gérald Bloncourt

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