Le romancier et bédéiste français Jean Teulé est décédé le 18 octobre dernier à l’âge de 69 ans des suites d’une intoxication alimentaire. Connu pour son regard acéré sur les travers de l’histoire et ses portraits attachants, Jean Teulé savait étonner autant que faire sourire ses lecteurs par sa plume éclatée et jubilatoire.

Jean Teulé s’est fait connaître dans le monde littéraire grâce à sa participation à la revue L’Écho des savanes, qu’il a rejoint en 1978 et qu’il a accompagné jusqu’à la fin, en 1982. Sa bande dessinée Gens de France et d’ailleurs devient rapidement un succès et l’adaptation du roman de Jean Vautrin, Bloody Mary, lui vaudra en 1990 un prix spécial du jury du festival d’Angoulême « pour sa contribution exceptionnelle au renouvellement du genre de la bande dessinée ».

Considérant ce prix comme posthume, Teulé ne créera plus de bandes dessinées par la suite. C’est plutôt une vingtaine de romans qu’il écrira, notamment Rainbow pour Raimbaud, Ô Verlaine, Je, François Villon et Crénom, Baudelaire!, qui s’avèrent de truculents portraits de ces poètes tant cités. Outre ces biographies romancées, l’auteur publiera entre autres Le Magasin des suicides, Mangez-le si vous voulez, Entrez dans la danse et au printemps dernier, Azincourt par temps de pluie. À l’époque de sa publication, Fleur de tonnerre avait plu au libraire Edouard Tremblay, de chez Pantoute, qui en a dit ceci : « Avouons-le, peu de gens pourraient prétendre – ici à tout le moins – connaître les monstrueuses exactions d’Hélène Jégado, empoisonneuse bretonne exécutée en l’an 1852. Pourtant, celle que l’on surnomma simplement “La Jégado a le bénéfice (le détriment?!) d’avoir un tableau de chasse qui ferait rougir d’envie les Bundy, Gacy et autres Dahmer de ce monde… En effet, du jeune bambin au plus vénérable aïeul, pas moins de soixante personnes auraient goûté à la terrifiante cuisine de cette tueuse implacable et imperméable aux affres du remords, grande adepte de l’arsenic dont elle “parfumait généreusement ses petits plats. Pour rendre avec justesse la tragédie de son existence, qui de mieux que l’incomparable Jean Teulé, confirmant une fois encore, avec Fleur de tonnerre, pourquoi il compte parmi les auteurs favoris de votre humble serviteur. Un doucereux parfum de Bretagne, au sein d’une France qui se cherche et où – un temps encore – le poids des légendes surpasse celui de la science… Teulé persiste et signe, et nous ne saurions en être plus heureux! »

Photo : © Thesupermat, 2010

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