L'écrivain montréalais, Christian Mistral, a été retrouvé sans vie dans son appartement de la rue Rachel la semaine dernière.

Né Paul-André Roy en 1964, il choisit à l’adolescence le pseudonyme de Christian Mistral.

La parution de son premier opus, Vamp, en 1988, le propulse parmi les rangs des jeunes auteurs marquants de la décennie. Ses années liminaires d’écrivain, de poète et de parolier s’avèrent fastes. Vamp se retrouve finaliste au prestigieux Prix du Gouverneur général. Il jouit alors d’une reconnaissance évidente auprès du public et des critiques littéraires, qui le comparent à Kerouac et le consacrent comme écrivain d’une génération dépitée par l’avenir et désenchantée par le legs de ses prédécesseurs.

Puis, sa verve est ralentie par des séjours en prison, des excès liés à la consommation et l’inévitable mauvaise presse qui en résulte. Il ne renonce cependant pas à la liberté, audacieuse mais capitale, d’être écrivain. Il publie en 2007, Léon, Coco et Mulligan, un roman campé dans le Montréal des années 80 donnant voix à une myriade d’êtres originaux, de citadins déchus, de jouets inadaptés. Depuis cette parution, ses lecteurs attendaient sur la pointe des pieds son retour sur les tablettes des librairies; un retour qui, tragiquement, ne se manifestera pas.

À l’annonce de son décès, sa sœur, Annie Roy, lui rend un hommage poignant par écrit :

« Je ne sais bien écrire les choses. Lui savait. J’aurais dû lui demander, avant qu’il parte. Mon frère, l’écrivain Christian Mistral, n’est plus. Il a cassé sa pipe, repris ses ailes. Habilement, de son “verbe facile”, tranchant, parfois trop, comme une lame rougie par le feu, il laisse derrière une marque indélébile sur le visage de la littérature québécoise. Un grand V, peut-être, comme dans Vamp, Vautour, Vacuum et Valium. C’était mon frère, par Vents et marées. Vogue en paix sur le bateau de ta bouteille, on se reverra, si ce qu’on raconte est vrai, pour un soir de scotch. »

La scène littéraire québécoise regrettera ses écrits lyriques et fougueux, qui savaient porter les fêlures et les cassures de la vie.

Photo : © Les Herbes rouges

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