Un milieu fragilisé par les difficultés de Benjamin

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En janvier dernier, les libraires annonçait la fermeture imminente des Messageries de Presse Benjamin, important distributeur de magazines et de livres au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Six mois plus tard, la fermeture se transforme en histoire d’horreur pour certains éditeurs, libraires et autres créanciers, alors que le distributeur s’est placé sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers.

Un triste exemple de l’impact de cette situation concerne la jeune maison d’édition Atelier 10, qui produit le formidable magazine Nouveau Projet et la collection d’essais Documents. Bien implanté dans le paysage médiatique québécois malgré sa récente apparition en mars 2012, Atelier 10 a notamment publié les essais de Samuel Archibald (Le sel de la terre), Fanny Britt (Les tranchées) et Roméo Bouchard (Constituer le Québec).

Le directeur, Nicolas Langelier, a lancé un cri du cœur hier : « Un sombre nuage plane en ce moment sur l’avenir de notre aventure. En toute transparence, c’est la survie même d’Atelier 10 qui est actuellement menacée. Et le plus choquant dans tout cela, c’est que nous n’y sommes pour rien. » Messageries de Presse Benjamin doit plus de 60 000 $ à la maison d’édition, et les chances de recevoir cet argent sont quasi-inexistantes. L’impact d’un tel manque à gagner est colossal pour la vitalité d’un éditeur indépendant. 

« J’ai passé de nombreuses nuits d’insomnie, depuis un mois, à chercher des solutions pour nous sortir nous-mêmes de cette impasse. […] Mais je dois aujourd’hui me rendre à l’évidence : le montant que nous perdrons sans doute dans la faillite de Benjamin est trop grand pour que nous puissions le compenser sans un apport d’argent beaucoup plus important. » C’est pourquoi l’équipe d’Atelier 10 demande un coup de main de la part de ses fidèles, en les invitant à s’abonner, à offrir un abonnement à un proche ou à faire un don. Tous les détails se trouvent à cette page : http://nouveauprojet.com/nouvelles-et-evenements/nouveau-projet-a-besoin-de-vous.

Pareil désagrément a frappé la maison d’édition McGray, éditeur de la populaire série Seyrawyn, qui a perdu plusieurs dizaines de milliers de dollars dans l’aventure. Dans un message sur Facebook, les propriétaires Martial Grisé et Maryse Pepin ont évacué leur frustration :

« Je n’ai presque pas reçu de redevances sur les romans, depuis leur sortie en novembre 2012. J’ai assumé moi-même tous les frais concernant l’édition, l’impression, la publicité et tout ce qui pouvait toucher de près ou de loin la mise en marché des romans de la série Seyrawyn. Cela a réussi, car après tout ils sont best-sellers au Québec! Je croyais qu’une fois rendus dans le fond du baril, on ne pouvait pas aller plus bas, on ne pouvait que regarder vers le haut et en ressortir! Eh bien, je vous le confirme, cela est possible d’aller plus bas. Je viens de dépasser le fond : je suis sous le baril maintenant! […] même si j’avais par écrit que je me ferais payer toutes ces redevances, maintenant je n’ai plus rien! »

Plusieurs autres éditeurs et libraires (plusieurs ont perdu des milliers de dollars) ont été pénalisés par la situation. Une nouvelle difficile à accepter dans le contexte fragilisé actuel…

Messageries de Presse Benjamin, dont le siège social se trouvait à Bois-des-Filion, employaient 225 personnes. L’entreprise fondée en 1917 par Charles Benjamin était maintenant gérée par son petit-fils, Paul Benjamin. La plupart des éditeurs distribués par Benjamin, dont La courte échelle et les éditions Rogers, se retrouvent maintenant chez Socadis

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