Salon du livre anarchiste

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Cette fin de semaine, se tenait à Montréal le Salon du livre anarchiste. Plusieurs organismes et maisons d’édition y étaient présents. Une bonne occasion de mettre la lumière sur ces écrits en marge qui défendent pourtant de belles idées, et qui ont surtout la qualité d’avoir le courage et la sincérité de leurs opinions. Car un anarchiste, contrairement à la croyance populaire, n’est pas un fauteur de troubles qui fait la casse pour déverser son trop-plein d’agressivité.

Il est vrai, c’est un anticonformiste qui refuse les diktats, mais qui justement a le bon goût de nous rappeler nos manquements éthiques, notre paresse intellectuelle ou de bousculer notre confortable insouciance. Selon une des définitions du Robert, l’anarchisme est une « conception politique qui tend à éliminer de la société tout pouvoir disposant d’un droit de contrainte sur l’individu ». Je suis donc à mes heures une anarchisante, c’est-à-dire une sympatisante libertaire qui vous conseille quelques documents fort pertinents sur le sujet. Car après tout, comme l’écrivait Mallarmé, « la vrai bombe, c’est le livre ».

1. La fabrication du consentement, de Noam Chomsky et Edward Herman (Agone)

Un modèle théorique illustré d’exemples historiques et politiques permettant de comprendre par quels mécanismes les médias remplissent une fonction de propagande. Les auteurs mettent à jour les facteurs structurels qu’ils considèrent comme seuls susceptibles de rendre compte des comportements systématiques des principaux médias et des modes de traitement qu’ils réservent à l’information.

2. Petit cours d’autodéfense intellectuelle, de Normand Baillargeon (Lux)

Rédigé dans une langue claire et accessible, cet ouvrage, illustré par Charb, constitue une véritable initiation à la pensée critique, plus que jamais indispensable à quiconque veut assurer son autodéfense intellectuelle. On y trouvera d’abord un large survol des outils fondamentaux que dort maîtriser tout penseur critique : le langage, la logique, la rhétorique, les nombres, les probabilités, la statistique, etc. ; ceux-ci sont ensuite appliqués à la justification des croyances dans trois domaines cruciaux . l’expérience personnelle, la science et les médias.

3. Indignez-vous!, de Stéphane Hessel (Indigène)

Tout en retraçant l’émergence, dans la fin des années 1930, sous l’influence de J.-P. Sartre, de son propre engagement, S. Hessel dégage dans ce réquisitoire quelques motifs évidents d’indignation actuels : le renvoi des sans-papiers, le fossé entre riches et pauvres, la situation dans la bande de Gaza, etc.

4. Ni Dieu ni Maître, de Daniel Guérin (La Découverte)

Devenu un classique depuis sa première édition dans la « Petite collection Maspero » en 1970, ce livre propose un choix raisonné de textes politiques et théoriques des grands noms de l’anarchisme. En les replaçant en perspective, Daniel Guérin a retracé l’aventure d’un mouvement politique et intellectuel dont la force de contestation n’a jamais faibli depuis sa naissance au XIXe siècle. Il offre un panorama complet, sur deux siècles, de la pensée anarchiste, en restitue la richesse, fait revivre les controverses qui l’animent.

5. Nous sommes ingouvernables – Les anarchistes au Québec aujourd’hui, Collectif (Lux)

Nous sommes ingouvernables discute de mouvements ou d’organisations qui se revendiquent de l’anarchisme, mais aussi de plusieurs autres qui, sans nécessairement s’en réclamer, fonctionnent et agissent selon ses principes. L’ouvrage montre les anarchistes à l’œuvre dans différents milieux : étudiant, communautaire, écologiste, féministe, queer, antiraciste, etc. Il témoigne de leur solidarité avec les Autochtones ou avec le peuple palestinien, de leur engagement dans leurs quartiers. L’anarchisme au Québec se révèle être une véritable fourmilière, diversifiée, complexe, dynamique, une source d’inspiration pour quiconque souhaite démanteler notre société inégalitaire.

6. Par-dessus le marché!, de Francis Dupuis-Déry (Écosociété)

La récente crise financière mondiale a ranimé un ensemble de débats sur le capitalisme et ses ravages. Depuis le sauvetage éhonté des institutions bancaires par les pouvoirs publics, de nombreux citoyens se demandent quelles sont les véritables finalités de ce modèle économique. Continuer à enrichir les plus riches et laisser les inégalités sociales se creuser davantage? Un peu partout en Occident, des foules en colère ont plutôt opté pour l’indignation. Par-dessus le marché! s’inscrit dans ce mouvement collectif de réflexion critique.

7. Rompre, de Dominique Boisvert (Écosociété)

Le fonctionnement du monde repose sur notre consentement, le plus souvent implicite et inconscient. Pourtant, ne serait-il pas temps de ROMPRE? De briser ce consentement et d’agir dès maintenant pour construire cet « autre monde possible » ? Voilà ce à quoi nous invite Dominique Boisvert. Après avoir ciblé quelles sont les sources du pouvoir, il démontre comment s’articule notre adhésion (in)volontaire au discours dominant, avec lequel il est impératif de rompre.

8. Pas d’histoire, les femmes! – Réflexions d’une historienne indignée, de Micheline Dumont (Remue-Ménage)

L’historienne Micheline Dumont constate que, si les recherches en histoire des femmes menées au cours des dernières décennies ont contribué à faire émerger un nouveau champ de connaissance, celui-ci n’a toujours pas été intégré dans l’histoire officielle. La tradition d’une histoire univoque, qui confine les femmes à la marge, se perpétue. Notre rapport à l’histoire est toujours «hémiplégique», amputé de toutes celles à qui l’on nie la reconnaissance comme sujet historique et politique.

9. Le racisme expliqué à ma fille, de Tahar Ben Jelloun (Seuil)

La lutte contre le racisme commence avec l’éducation. C’est pour cela que ce texte a été pensé et écrit en priorité pour des enfants entre huit et quatorze ans, mais aussi pour leurs parents. Avec un essai sur la question de l’antisémitisme et de l’islamophobie.

10. L’impossible neutralité : autobiographie d’un historien militant, de Howard Zinn (Agone)

Je peux comprendre que ma vision de ce monde brutal et injuste puisse sembler absurdement euphorique. Mais pour moi, ce que l’on disqualifie comme tenant de l’idéalisme romantique ou du vœu pieux se justifie quand cela débouche sur des actes susceptibles de réaliser ces vœux, de donner vie à ces idéaux. Les acteurs essentiels de ces luttes en faveur de la justice sont les êtres humains qui, ne serait-ce qu’un bref moment et même rongés par la peur, osent faire quelque chose. Et ma vie fut pleine de ces individus, ordinaires et extraordinaires, dont la seule existence m’a donné espoir.

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