Le court roman autobiographique Les inséparables raconte la très forte amitié entre Sylvie et Andrée, les alter ego de Simone de Beauvoir et Élisabeth Lacoin, surnommée Zaza, deux jeunes filles qui échangent leur vision du monde de 9 ans jusqu’à 21 ans, âge où décède Zaza des suites d’une encéphalite. Cette mort laissera Beauvoir anéantie, qui écrira dans Mémoires d’une jeune fille rangée : « J’ai cru que j’avais payé de sa mort ma propre liberté. » Cette amitié marque les jalons de la pensée féministe de l’écrivaine qui partage avec Zaza leur révolte contre le destin de femme au foyer qui les attend.
Beauvoir fit lire le roman de 176 pages à Jean-Paul Sartre qui lui aurait suggéré de ne pas le publier, n’y voyant pas un grand intérêt. Beauvoir souscrit à son opinion et range le manuscrit dans ses tiroirs. Sylvie Le Bon de Beauvoir, fille adoptive de l’auteure, confie au New York Times : « Elle a détruit des œuvres dont elle n’était pas satisfaite. Elle n’a pas détruit celui-ci. À propos de ses papiers, elle m’a dit : “Vous ferez ce que vous pensez être juste.” » Elle se sent donc légitime de rendre public cet écrit dont l’écrivaine commença l’écriture en 1954, cinq ans après Le deuxième sexe. Elle n’en était alors pas à ses premiers balbutiements littéraires.
La seule personne à part la fille de l’écrivaine à avoir eu accès à ce titre est la spécialiste de l’œuvre de Beauvoir, Éliane Lecarme-Tabone. « C’était une découverte incroyable », exprime-t-elle au New York Times . « On sait que Simone de Beauvoir se juge parfois trop sévèrement. Il méritait d’être édité. »
Les inséparables pourrait ne pas être le seul titre de fiction inédit à paraître au cours des prochaines années. Depuis la mort de la philosophe en 1986, d’autres publications ont pris la place, ce qui fait que Sylvie Le Bon de Beauvoir a retardé leur édition, mais elle compte maintenant y consacrer davantage de temps.
Les droits du roman ont déjà été vendus dans dix-sept pays.
Photo : Éditions de L’Herne