Dans la ville de Nantes en France, deux cabines téléphoniques sont mises à la disposition de tous les passants. Déjà, cette sorte d’installation est devenue plutôt rare depuis que la plupart des gens se sont munis de portables. Mais ces cabines possèdent en plus une singularité qui vaut le détour puisqu’à l’autre bout du fil, un interlocuteur spécial vous attend.

Affichée sur la paroi intérieure de la cabine, une liste de numéros qui correspondent à la date de naissance d’une ou d’un écrivain vous invite à en choisir un et à composer les chiffres sur le clavier. Par miracle, la voix de l’auteur vous fera la lecture d’un de ses livres.

« Je remonte la rue d’Hauteville. Je vais m’arrêter au café de la Place Franz Lizt, lire le journal, puis rentrer à la maison. Rodrigue sera parti au collège, Hélène se sera peut-être remise au lit, alors je l’y rejoindrai. Nous ferons l’amour de cette façon conjugale, paisible, un peu routinière, qui nous inspire à tous les deux un désir sans cesse renouvelé et que j’espère inépuisable. »

C’est la voix d’Emmanuel Carrère lisant cet extrait de son roman D’autres vies que la mienne que vous entendrez si vous sélectionner le 09.12.19.57. Une cinquantaine d’auteurs sont ainsi joignables, dont Marguerite Yourcenar, George Orwell, John Steinbeck, Philippe Lançon, Patrick Modiano ou Sylvain Tesson. L’initiative vient de la librairie indépendante Coiffard située rue de la Fosse qui a importé ces cabines directement d’Angleterre et que l’artiste-designer Stéphane Phélippot a rafraîchies. L’idée derrière ce projet est tout simplement « que les gens aient envie de découvrir, de redécouvrir un texte de manière différente », explique Stéphanie Hanet de chez Coiffard. Après tout, tout le monde a envie de se faire raconter une histoire.

On peut trouver une des cabines sur la rue de la librairie, tandis que l’autre a été placée dans le hall principal du Centre hospitalier universitaire de Nantes afin que les patients, les visiteurs et les soignants puissent profiter d’un moment qui les amène ailleurs.

Et vous, quel numéro composeriez-vous?

Photo : © Radio France – Bertrand Pidance

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