Nouvelle venue dans le vaste réseau Les libraires, la librairie Point de suspension se distingue par son inventaire spécialisé en art actuel. Elle est l'élément complémentaire du dynamique centre Bang de l'Espace Séquence à Chicoutimi, là où artistes et public se rencontrent. Nous avons posé quelques questions à la libraire Susie Lévesque pour en savoir plus sur ce lieu inspirant.

Votre librairie fait partie du centre Bang qui est un espace qui promeut l’art actuel. À quel moment la librairie s’est-elle greffée au lieu et pourquoi était-ce important d’en faire une entité à part entière?
Point de suspension est née d’une volonté de valoriser le travail des artistes qui circulaient au centre d’artistes Espace Virtuel. Les employés de l’époque ont décidé avec l’aval du directeur d’aménager un espace dédié aux publications des créateurs qui fréquentaient l’endroit ainsi qu’aux livres d’artistes. La librairie a pris de plus en plus d’ampleur au fil du temps et différentes publications spécialisées en arts et culture ont été ajoutées à son inventaire. La galerie Séquence et Espace Virtuel se sont intégrés l’un à l’autre en 2013 pour former le centre Bang et la librairie a déménagé en 2015 pour venir s’installer à l’endroit où se trouve actuellement l’Espace Séquence. Point de suspension est maintenant la seule librairie agréée en arts et culture au Québec, et ce, depuis 2015. En ayant pignon sur rue, nous avons une plus grande visibilité et la librairie sert de sas de médiation culturelle pour les visiteurs du centre. Nous croyons que les gens sont peut-être moins intimidés de franchir le seuil d’un centre d’artistes puisqu’ils se retrouvent dans une librairie en premier lieu, d’où l’importance que le lieu est une identité à part entière. Cette volonté s’inscrit dans un des mandats du centre Bang qui est de démocratiser l’art, c’est-à-dire de le rendre accessible à tous.

Les artistes visuels prennent évidemment une grande place au sein du centre Bang, mais des résidences sont aussi réservées aux auteurs. Comment s’inscrivent ces projets littéraires à travers la proposition du centre?
Souvent les auteurs et les autrices qui participent aux résidences ont une pratique en arts visuels et/ou plus performative. Je pourrais donner l’exemple de Mathieu Arsenault qui fut de passage au centre Bang et qui pendant cette période a écrit Le guide des bars et pubs de Saguenay publié au Quartanier. Notre coordonnatrice artistique avait d’ailleurs fait la tournée des bars avec lui. Depuis quelques temps nous avons apporté des changements à la direction artistique. Ces changements font en sorte qu’il n’y ait plus de distinction entre les artistes et les auteurs. Les projets seront évalués sur les mêmes critères. L’aspect visuel restera toutefois une priorité dans la sélection.

À quel nombre s’élève l’inventaire de la librairie Point de suspension et de quoi est-il composé?
Nous avons un peu plus de 3000 titres en inventaire. On met de l’avant les livres d’artistes, les catalogues d’exposition et les monographies. Nous jouons aussi avec les termes de notre agrément pour composer le reste de notre répertoire. Comme je le disais plus haut, Point de suspension est agréée en arts et culture. La culture est un concept très vaste. Il y aura toujours un rappel avec les arts. C’est évident. Cependant, nous nous permettons de tenir d’autres catégories de livres sur nos tablettes. L’inventaire se compose aussi de littérature québécoise, de poésie et d’essais en tout genre. Mon collègue Étienne Provencher-Rousseau a également composé l’inventaire avec soin. Le choix des livres est basé sur un travail de recherche fastidieux afin de tenir ce qu’il y a de plus accessible au public en tant que livres d’art. Mais il nous importait aussi d’avoir des livres d’art sur des sujets plus pointus. C’est un travail d’équipe constant. Les autres personnes œuvrant au sein du centre Bang apportent leur contribution en faisait des suggestions. Patrick Moisan, un des directeurs du centre, est d’ailleurs le fondateur et le directeur artistique de la revue Zone Occupée.

Parlez-nous des personnes qui œuvrent au fonctionnement de la librairie.
L’artiste Vincent Hinse fut en quelque sorte le premier libraire de Point de suspension. C’est lui qui a fait la transition entre Espace Virtuel et la librairie telle qu’on la connaît aujourd’hui. C’est également lui qui a travaillé à l’agrément. Il a quitté pour poursuivre sa propre carrière. Beaucoup des travailleurs du centre Bang ont aussi une pratique artistique. C’est le cas de Vincent. Il travaille en solo ainsi qu’avec le collectif Acapulco. Notre coordonnatrice artistique, Anick Martel, est membre du collectif Les Poulpes et est fondatrice et slammestre de Slam Saguenay. Des artistes dont la pratique mérite d’être mentionnée au passage. De nos jours, nous sommes trois libraires à Point de suspension. J’ai déjà mentionné mon collègue Étienne plus haut. Il est le plus ancien libraire. Il a carrément monté le fonds de Point de suspension à l’aide des autres employés de Bang. Il a un fort intérêt pour les sciences sociales et a développé cette branche de la librairie. De cette façon, les gens qui viennent pour les connaissances d’Étienne en la matière, ont tout de même un contact avec les arts. Alexandra Sicotte et moi-même sommes venues nous joindre à lui au fil du temps. Alexandra fait les recherches pour tout ce qui touche aux livres sur l’art qui composent notre inventaire. Pour ma part, je ne suis arrivée qu’en février. Je m’occupe un peu plus de la gestion de la librairie et de son développement. Vincent et Étienne ont déjà mis Point de suspension sur la « carte/map(pe) » comme le dit si bien l’expression populaire. Mais je crois que la librairie peut pousser le concept encore plus loin. Cet endroit m’inspire beaucoup et j’ai des idées à foison que j’aimerais voir se concrétiser. Chaque chose en son temps.

Puisque nous vous avons au bout du clavier, pourriez-nous nous nommer un ou deux titres qui figurent parmi vos coups de cœur?
Sergueï Eisenstein : L’œil extatique, exposition, Centre Pompidou-Metz, du 28 septembre 2019 au 24 février 2020

Il s’agit d’une rétrospective de l’œuvre de Sergueï Eisenstein. Homme de théâtre et cinéaste du mouvement d’avant-garde russe, ses théories ont eu une grande influence dans l’univers cinématographique.

Roche plante mer bois de Audrée Demers-Roberge, Amélie Laurence Fortin, Isabelle Gaudet-Labine aux éditions Vu.

Magnifique et délicat livre d’artiste qui entremêle la photographie, la peinture, les collages et le dessin. Je qualifierais ce livre de fragment de nature.

J’en profite pour vous parler de l’exposition en cours Espace texte matière, du 24 septembre 2020 au 14 novembre 2020. Il s’agit d’une expo collective en lien avec notre résidence croisée avec le CALQ. En novembre dernier, nous avons reçu trois artistes venant de Belgique au centre Bang. Puis, des artistes du Québec sont allés là-bas au musée d’art BPS22. Nous voulions par la suite exposer ceux qui sont allés en Belgique.

Librairie Point de suspension

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