PEN : Six écrivains s’opposent au prix remis à Charlie Hebdo

5
Publicité

Le PEN America Center a annoncé cette semaine que le prix du courage en faveur de la liberté d’expression serait remis à Charlie Hebdo, soulevant une vague de contestation. Six romanciers, dont le Canadien Michael Ondaatje (Le patient anglais), dénoncent ouvertement le fait que l’organisation américaine de défense de la liberté d’expression et de la littérature remette un prix hommage au magazine satirique français.

« La récompense est destinée aux écrivains et journalistes qui nous racontent la vérité à propos du monde dans lequel nous vivons, pas qui dessinent des caricatures grossières et qui se moquent de la religion », a défendu l’ancienne présidente du PEN, Francine Prose, dans The Guardian. Bien qu’elle soit « pour la liberté d’expression sans limitations » et qu’elle déplore la tuerie de janvier, elle soutient qu’elle ne partage pas l’admiration et le respect que sous-entend ce prix pour Charlie Hebdo.

Les Américain Teju Cole et Rachel Kushner, la Britanique Taiye Selasiet l’Australien Peter Carey protestent également contre la décision du PEN. Dans le New York Times, Carey dénonce l’aveuglement : « devant l’arrogance culturelle des Français qui ne reconnaissent pas l’obligation morale qu’ils ont à l’égard d’une part conséquente et vulnérable de leur population. »

Le président du PEN, Andrew Solomon, s’est défendu en disant qu’il croyait que Charlie Hebdo ne voulait pas « ostraciser ou insulter les musulmans, mais plutôt rejeter avec force les efforts d’une petite minorité qui veut limiter la liberté d’expression », peut-on lire sur le site de Radio-Canada.

Toujours sur le site de Radio-Canada, on apprend qu’en janvier dernier l’écrivaine canadienne Nancy Huston, qui vit en France depuis une quarantaine d’années, s’était elle aussi prononcée contre le travail de l’hebdomadaire français, affirmant : « C’est un humour qui trivialise, agresse, banalise et blesse, et je n’ai jamais vu l’utilité d’être bête et méchant. Je ne peux pas dire que ce sont mes valeurs, puisque mes valeurs sont exactement le contraire de ça. »

Le prix sera officiellement remis le 5 mai, à l’occasion d’un gala que boycotteront les six écrivains mentionnés plus haut.

 

Sur la photo : L’écrivain canadien Michael Ondaatje (Crédit : AFP | Prakash Singh)

Publicité