Quoi lire après La femme qui fuit?

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La femme qui fuit, roman d’Anaïs Barbeau-Lavalette, est sans conteste l’événement littéraire qui a marqué 2015. Récipiendaire du Prix des libraires du Québec et coup de cœur d’une grande majorité des lecteurs, cet ouvrage est une porte sur notre histoire de Québécois.

« Dans un récit poignant sur la filiation et la transmission générationnelle des blessures de l’âme, Anaïs Barbeau-Lavalette trace le portrait de la grand-mère qu’elle n’a jamais connue : Suzanne Meloche, alors conjointe du peintre Marcel Barbeau, qui abandonna ses enfants en bas âge. D’une manière très personnelle, elle évoque la vie hors du commun de cette femme et de son époque liée d’une manière intrinsèque à notre mémoire collective. Un roman-catharsis écrit avec le talent qu’ont les cinéastes pour les images fortes et la sensibilité d’une femme blessée par la courtepointe psycho-généalogique familiale. Un roman touchant qui se devait d’être écrit. »
– Denis Gamache, librairie Au Carrefour (Saint-Jean-sur-Richelieu)

 

Pour agrémenter le moment post-lecture de La femme qui fuit, nous vous proposons quelques ouvrages qui approfondissent les thématiques déployées dans le roman. N’en tient plus qu’à vous d’approfondir le tout!

[Les résumés sont ceux des éditeurs]

La charge de l’orignal épormyable 
Claude Gauvreau (L’Hexagone)

La charge de l’orignal épormyable, texte écrit par Gauvreau en 1956, est une pièce de théâtre qui prend des allures d’épopée contre l’univers concentrationnaire. Elle n’a été connue qu’en février 1968, au cours d’une lecture publique, et n’a été jouée pour la première fois qu’en 1970. Elle met en scène le poète Mycroft Mixeudeim qui, incompris de son entourage, dans un milieu fermé, charge sans cesse contre la bêtise. Si les charges de Mycroft évoquent parfois Don Quichotte contre les moulins, cela n’est pas sans rapport non plus avec l’amour fou de l’un et de l’autre pour une femme-enfant inaccessible. Cette pièce a suscité des polémiques et provoque des réactions irrésistibles chez les spectateurs par la force de son langage.

 

 

Jean-Paul Riopelle 
René Viau (Publications du Québec)

L’œuvre du peintre Jean-Paul Riopelle a marqué l’art québécois d’une façon indélébile et fait de son auteur l’une des figures les plus célèbres et les plus respectées du XXe siècle. Premier ouvrage de la nouvelle collection « Grands artistes du Québec », le Riopelle du critique d’art René Viau est une biographie originale qui, comme les autres monographies qui seront consacrées aux principaux représentants de notre histoire de l’art, s’adresse à un large public.Ce livre contient 50 illustrations, dont 40 en couleurs qui viennent enrichir le texte pour faire de cet ouvrage un objet précieux que tous les admirateurs de Riopelle voudront posséder.

 

 

Textes sur l’art : articles parus dans Le Devoir (1955-1956) et autres écrits sur l’art 
Noël Lajoie (Hurtubise)

Cet ouvrage réunit 42 articles écrits pour le quotidien Le Devoir en 1955 et 1956. Ils constituent une chronique approfondie de la vie artistique montréalaise de l’époque, alors témoin, entre autres, du passage de l’influence de Borduas et des Automatistes à celle des Plasticiens (Jauran et Fernand Leduc). Lajoie, critique mais également peintre, présente dans ces textes les enjeux de la scène artistique vus de l’intérieur, offrant ainsi un accès privilégié aux débats qui agitent ce milieu. Avec son style alerte et percutant, Lajoie soulève l’intérêt du lecteur contemporain souhaitant comprendre et saisir la dynamique qui a animé une génération d’artistes, d’amateurs et de curieux. Des textes inédits et cinq autres écrits complètent l’ensemble des publications que Lajoie a rédigé au cours de sa carrière. Dans la postface de cette édition, l’auteur livre un commentaire rétrospectif sur cet engagement qui a marqué sa vie.

 

 

Borduas : le rebelle de Saint-Hilaire 
Pierre Lambert (Marcel Broquet éditeur)

En 2015, la ville de Mont-Saint-Hilaire fête le 110e anniversaire de la naissance et le 55e anniversaire de la mort de Paul-Émile Borduas, que l’on peut vraiment qualifier d’enfant rebelle de Saint-Hilaire. L’artiste, né au vieux village en 1905 dans une maison citée par la ville pour sa valeur historique, a quitté Mont-Saint-Hilaire pour New-York, puis Paris où il est mort en 1960. Son père possédait la première automobile du village. Il était conseiller municipal, marguillier et était très bon menuisier. C’est de ce dernier que l’artiste tenait son talent qui l’amena à exécuter des sculptures «en bois de Saint-Hilaire». Mais Borduas fut avant tout un grand peintre toujours habité par la présence de ses parents et amis. Paul-Émile Borduas réunissait, dans sa maison de Saint-Hilaire, de jeunes disciples que l’on a appelé les Automatistes et avec lesquels il écrivit Refus Global un pamphlet qui créa une commotion au Québec et annonça la Révolution tranquille. Pendant son exil aux États-Unis et en France, le peintre ne cessa d’écrire son ennui de sa terre natale et c’est à Mont Saint-Hilaire que ses cendres furent déposées en 1989.

 

La comète automatiste
Gilles Lapointe (Fides)

Le mouvement automatiste québécois s’inscrit dans une histoire paradoxale: symbolisé par Refus global et objet au Québec d’une réappropriation collective et politique parfois démesurée, il est le plus souvent absent des histoires de l’art européennes et américaines. Précurseur de ce qu’allait devenir l’abstraction gestuelle dans le monde de l’art de l’après-guerre, pourquoi l’automatisme ne connaît-il aujourd’hui encore – à l’exception de Riopelle – qu’un rayonnement local? Les analyses réunies ici déploient cette question et lui apportent plusieurs réponses en croisant l’histoire de l’art, la littérature, l’histoire des institutions, et le témoignage des archives, en particulier la correspondance de quelques-uns des principaux acteurs de ce mouvement, Borduas, Riopelle et Claude Gauvreau. Pourtant, alors que la comète s’éloigne, l’automatisme se survit, réinvesti dans des oeuvres liées au mouvement mais menées loin du tumulte, comme Danse dans la neige de Françoise Sullivan captée sur pellicule par Maurice Perron, et la série des Insoumis de Pierre Gauvreau qui noue le fil de la mémoire entre les générations.

 

Refus global et autres écrits
Paul-Émile Borduas (Typo)

En août 1948 paraît à Montréal un manifeste signé par une bande de jeunes artistes, qui fait vite scandale : c’est Refus global. Celui qui l’a rédigé, le doyen du groupe, Paul-Émile Borduas, est démis peu après de son poste de professeur à l’École du meuble. Et, face aux réactions hostiles que suscite leur prise de position, plusieurs des signataires vont préférer poursuivre leur carrière à l’étranger, dont Borduas lui-même. Refus global n’était pas un accident de parcours : les écrits de Borduas réunis ici démontrent l’ampleur de la culture et la profondeur de réflexion à l’origine de ce rententissant appel à la libération.

 

 

 

Une abstention coupable: enjeux politiques du manifeste Refus global
Marcel Saint-Pierre et Louis Gill (M éditeur)

Publié en août 1948, le manifeste Refus global est une déclaration de rejet de la société dite de la Grande Noirceur, dominée par la religion et les privilèges, un refus de tout ce qui paralyse la liberté de penser, de s’exprimer, d’agir et de créer. Rédigé par le peintre automatiste Paul-Émile Borduas, Refus global est un document fondateur du Québec moderne. Conspués par la droite, qui accusait les automatistes d’être «de connivence avec les communistes ou d’en être», les signataires du manifeste étaient tout autant l’objet d’une virulente critique de la part de ceux-là mêmes qui se revendiquaient du communisme. Ils les vouaient au mépris en tant que simples « révolutionnaires de la toile ». Pour le journal Combat, organe du Parti communiste canadien (PCC), les automatistes « se plaçaient à contre-courant du progrès de l’humanité, ne serait-ce que par une abstention coupable ». C’est de cette «abstention coupable» que traite le livre de Marcel Saint- Pierre qui procède à une analyse minutieuse des rapports des automatistes avec le PCC, lequel, à partir de 1946, s’est efforcé de les attirer vers lui. Il puise abondamment dans les écrits et la correspondance de Paul-Émile Borduas et d’autres membres du groupe, principalement Claude Gauvreau et Fernand Leduc, pour rendre compte des débats sur cet enjeu. L’essai se conclut sur les tentatives récentes de récupération de l’automatisme par l’anarchisme. 

 

Le Ku Klux Klan
Farid Ameur (Pluriel)

Pur produit de l’histoire des États-Unis, le Ku Klux Klan n’a pas fini de faire parler de lui. Depuis un siècle et demi, ses sorties nocturnes, ses croix enflammées et ses cagoules pointues hantent les esprits. Fondé au lendemain de la guerre de Sécession, il a longtemps incarné l’esprit revanchard du Sud avant de se ranger dans le maquis de l’ultra-droite américaine. Des ruines fumantes de la Confédération esclavagiste à l’élection d’Obama en passant par la déségrégation, l’Empire invisible s’est imposé comme le fer de lance des organisations suprématistes blanches. Parfait reflet d’un pays qui peine à se débarrasser de ses vieux démons, il continue à entourer ses activités d’un voile de mystère. Avec ses méthodes brutales, sa morale rigoriste et son rituel ésotérique, il s’est fait l’apôtre de la haine et de l’intolérance au nom des valeurs puritaines de l’Amérique profonde.

 

 

 

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