Nous pouvons lire et écouter un peu partout dans les médias plusieurs exemples des efforts déployés par les entreprises pour modifier leur façon de faire afin de s’adapter aux changements imposés par la crise qui nous occupe. Les libraires indépendants ne font assurément pas exception et même lorsqu’il a fallu fermer boutique pour respecter les mesures de confinement, ils étaient prêts.

« Nous avons la chance au Québec d’avoir un site transactionnel, leslibraires.ca, qui réunit plus de 100 librairies indépendantes », explique Katherine Fafard, directrice générale de l’Association des libraires du Québec (ALQ). « Ainsi, très rapidement, les libraires se sont repliés sur la commande web de livres papier. À l’heure actuelle, plus de 80% des librairies indépendantes sont actives et répondent aux commandes des lecteurs et des lectrices. »

Il est donc possible de faire l’achat de livres via le site de vente, mais le lecteur qui aimerait continuer à recevoir des conseils de la part de libraires y est tout aussi bien servi. Sous l’onglet « Choix des libraires », le lecteur peut trouver de nombreux titres accompagnés d’un commentaire pour le pister selon ses goûts. « On a largement fait savoir que nous étions en position de vendre des livres à tous, même des livres en anglais depuis peu », soutient Jean-Benoît Dumais, directeur général du réseau Les libraires. « Mais nous sommes tout aussi fiers d’offrir des activités qui ne coûtent rien aux lecteurs en confinement : 90 pages d’entrevues et de recommandations avec le numéro 118 de la revue Les libraires (qui est paru uniquement en numérique, une première depuis 1998), un tout nouveau site pour cette même revue (revue.leslibraires.ca) avec des actualités quotidiennes et une communauté de partage de lectures avec quialu.ca. »

L’ALQ propose de son côté #lireenchoeur, une série de vidéos où des libraires, des écrivains, des écrivaines et des personnalités font des prescriptions littéraires de chez eux, une autre bonne façon de perpétuer le service-conseil.

La relation est d’ailleurs la valeur première du libraire indépendant qui avant d’être un marchand est souvent un passionné qui aime échanger sur son sujet de prédilection. De l’avis de Katherine Fafard, c’est ce qui fait que le lecteur, qui certes aura peut-être pris de nouvelles habitudes avec la commande en ligne, retournera néanmoins en librairie au sortir du confinement : « Je crois que l’essence même des librairies de quartier appelle à une rencontre, à une discussion avec le libraire […] ». Au lieu de déserter les librairies, les lecteurs auront donc simplement une plus grande diversité de possibilités en se tournant tantôt vers la commande cueillette ou la livraison, tantôt vers la visite physique en librairie.

Pour sa part, Jean-Benoît Dumais est admiratif du travail accompli par les créateurs du regroupement Les libraires, des gens qu’il n’hésite pas à qualifier de visionnaires et à qui il attribue le succès actuel de la coopérative. « Je ne crois pas qu’on pourrait, en 2020, mettre en place leslibraires.ca. […] On parle beaucoup du lepanierbleu.ca ou mazonequebec.com ces jours-ci, mais l’écosystème de leslibraires.ca est en quelque sorte la métaphore de ce que les détaillants d’ici tous azimuts cherchent à accomplir ou reproduire. » C’est ce qui permet aujourd’hui aux libraires indépendants de rester fidèles à leur désir de proximité, une autre valeur fondamentale qui leur est chère et qui prend toute son importance en ces temps de distanciation sociale.

Photo : © Charles Parent-Bédard

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