À la veille d’un référendum irlandais tendu, visant à entièrement légaliser l’avortement, des auteures influentes de l’île s’engagent en faveur du « oui » et incitent les gens à voter pour permettre à chaque femme de bénéficier de droits basiques. L’avortement est prohibé dans la Constitution irlandaise, et uniquement toléré depuis 2013 dans le cas où la grossesse menace la vie de la personne enceinte. Ce qui exclut, outre la volonté personnelle de la mère, les cas de malformations du fœtus et les grossesses dues aux viols. Hotpress rapporte que les écrivaines Marian Keyes, Liz Nugent, Sinead Gleeson, Tara Flynn ou encore Paula Meehan se sont unies et ont rejoint une des nombreuses manifestations et autres mouvements qui garnissent les grandes villes irlandaises à l’approche du jour décisif. Des engagements partagés par d’autres éminences littéraires, telles Claire Hennessy ou la lauréate du prix Booker 2007 Anne Enright.

Dans ce pays à forte tradition catholique, la seule façon de modifier la Constitution, que ce soit pour y insérer des avancées progressistes et égalitaires ou simplement pour régler un détail juridictionnel, est le référendum. Une pratique qui a notamment fait ses preuves en 2015 avec l’ouverture du mariage aux couples de même sexe. Si la majorité des partis politiques, de droite comme de gauche, s’était prononcée en faveur de cette légalisation, au grand dam de l’Église Catholique qui parlera de « défaite pour l’humanité » à l’annonce des résultats, le sujet de l’avortement est bien plus épineux au sein des instances de représentation. Entre les pro-vie, avec ou sans marge de manœuvre, et les pro-choix, un grand débat perdure depuis des années et atteint son paroxysme ces derniers jours. L’exemple du Brexit, où la mésinformation – voire la désinformation – de part et d’autre avait fait vaciller le vote, est dans la tête des pro-choix qui ne lésinent pas sur les moyens de faire connaître et entendre des arguments dépassant les simples croyances.

Ainsi, les réseaux sociaux, outre les manifestations et le tractage, sont d’aussi bons moyens d’informer la population sur les enjeux derrière ce référendum. Organisés par exemple autour du mot-dièse #WritersForYes (les auteurs et les auteures en faveur du oui), les acteurs et actrices littéraires de la contrée celtique s’engagent. Marian Keyes argue que les Irlandaises « méritent d’avoir les soins nécessaires au pays » et qu’il est temps d’arrêter « d’exporter cette pratique dans un autre État », en référence aux nombreuses femmes qui font l’aller-retour dans des cliniques britanniques. Parfois au détriment de soins corrects, comme le rappelle la tragédie vécue par cette femme, décédée à Londres après s’être vue refuser une interruption de grossesse à Dublin. 

Si Liz Nugent avoue sur Twitter avoir un « nœud à l’estomac » à l’approche du jour J, toutes sont confiantes et croient au progressisme social que connaît l’Irlande ces dernières années. Assurées que la détermination de ces femmes courageuses, prêtes à se battre pour défendre leur corps et leur choix, ne saurait être ébranlée par la politique ou la religion.

 

 

Pour étendre votre réflexion et cerner les différents enjeux, nous vous invitons à consulter certains ouvrages, tels La bataille de l’avortement : chronologie québécoise de Louise Desmarais ou Avortement : Pratiques, enjeux, contrôle social de Micheline de Sève. 

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