Raffin accuse Renaud-Bray

71
Publicité

La chaîne Renaud-Bray, cette pieuvre jaune et noire, aux tentacules multiples, semble une fois de plus s’immiscer là où les indépendants ont défriché pour elle le terrain. Dans un communiqué envoyé le 10 janvier, la librairie Raffin annonce qu’elle s’adresse à la Cour supérieure du Québec afin de conserver ses locaux actuels aux Galeries Rive-Nord, le tout en réaction aux agissements de la librairie Renaud-Bray et de Cominar (un important propriétaire et gestionnaire d’immeubles commerciaux au Québec).

La librairie Raffin existe depuis 1930, possède maintenant trois succursales (deux à Montréal, en plus de celle de Repentigny) et est membre de la coopérative Les libraires ainsi que de l’Association des libraires du Québec. Elle reproche concrètement à Renaud-Bray et à Cominar – avec qui elle possède un bail ainsi qu’une relation d’affaire dans le centre commercial des Galeries Rive-Nord – d’avoir agi de pair pour les évincer de ce centre commercial. Les rumeurs voudraient que la chaîne Renaud-Bray ouvre une nouvelle librairie à même ce centre commercial, permettant ainsi à la chaîne de Blaise Renaud de jouir de la clientèle que Raffin a développé depuis plus de quarante ans.

En effet, et toujours selon le communiqué, la journée même où la librairie Raffin a été informée que Cominar mettait un terme, pour janvier 2017, à leur bail, la librairie Renaud-Bray annonçait qu’elle occuperait un espace – sans pour autant spécifié lequel – dans les Galeries Rive-Nord. Un plus un ont fait deux du côté de l’administration de Raffin : « […] certains éléments portent Librairie Raffin à croire que Librairie Renaud-Bray s’est servie d’informations confidentielles protégées par une entente de confidentialité afin de négocier un bail avec Cominar aux Galeries Rive-Nord. », lit-on dans le communiqué.

Dans un article de La Presse, le journaliste Maxime Bergeron nous apprend qu’au printemps 2016, Renaud-Bray avait entrepris des démarches en vue de racheter Raffin. Lors desdites démarches, plusieurs données confidentielles – notamment relativement à la nature des baux – avaient été divulguées sous une entente de confidentialité signée par Blaise Renaud, empêchant ce dernier de concurrencer indûment Raffin pendant 36 mois. Selon la requête de Raffin, c’est cette promesse qui n’aurait pas été tenue.  

Le combat qu’a décidé de mener la librairie Raffin contre Renaud-Bray sera parsemé d’embûches : c’est pourquoi nous saluons le courage de ce groupe de librairies indépendantes de qualité à vouloir faire valoir leur droit, d’oser demander le respect, d’exiger tout simplement ce qui leur revient.

Notons enfin qu’une tactique similaire avait été utilisée par la chaîne à Québec, dans le cas de la librairie Morency, et à Lévis, pour la librairie Tome un. La première avait alors déménagé dans un autre secteur de la ville, alors que la deuxième avait cessé ses activités. Renaud-Bray a également pris l’habitude au cours des dernières années de s’installer à proximité de librairies indépendantes (Rosemère, Granby, Vaudreuil-Dorion, Trois-Rivières…), dans un objectif inavoué, de les affaiblir ou de causer leur perte, ce qui lui aurait permis de prendre le contrôle d’un marché donné.

En bref, rappelons quelques faits impliquant Renaud-Bray qui ont fait sourciller les librairies indépendantes :

Le rachat d’Olivieri par Renaud-Bray 
Le conflit entre Renaud-Bray et le distributeur Dimédia
               et la résolution
Renaud-Bray achète la chaîne Archambault

Publicité