Le livre « payez ce que vous voulez »

2
Publicité

La formule n’est pas nouvelle, nous l’avons déjà vue pour des théâtres ou des musées par exemple, mais c’est la première fois que l’aventure est tentée dans le domaine du livre. Les éditions Séditions, voulant s’élever au-dessus des diktats du marché, proposent donc leurs livres au public en les invitant à payer ce qu’il veut. Ayant de plus en plus de difficultés à rencontrer les exigences du commerce habituelles, Charles-Stéphane Roy, le fondateur de la maison d’édition, explique : « Les règles qui régissent l’impression et la diffusion sont trop rigides pour les projets que nous voulons développer. Nos projets n’entrent pas dans les cases. Ils sont carrément entre les cases. »

Monsieur Roy ouvre sa maison avec deux premiers ouvrages qu’on pourrait qualifier de hors-norme : Bis ou la politesse du débutant écrit par Roy lui-même questionne le rôle de la culture dans la vie d’un homme et La vie des choses de Sara A. Tremblay est composé de tableaux fait à quatre mains. Des projets particuliers qui obligent la nouvelle maison d’édition à sortir des sentiers battus.

Un format ePub est tout désigné pour ce genre de livres qui sont dispendieux à produire mais une édition papier sera tout de même disponible. Sa diffusion sera exclusivement faite à la librairie montréalaise Le Port de tête. Un de ses propriétaires, Martin Turcotte, est un de ces libraires qui contrairement à d’autres n’est pas rébarbatif à tenter le coup. Il affirme : « C’est notre première expérience en la matière ; nous verrons ce qu’il en ressortira ». Il va sans dire que l’aventure est risquée mais cela démontre surtout que l’industrie et les acteurs du milieu du livre cherchent présentement à se redéfinir, et espèrent trouver une entente juste et équitable où la liberté de chacun ne sera pas mise en cause.

Et ces nouvelles façons de faire donnent aussi à penser sur la véritable valeur d’un livre, celui-ci étant présentement en pleine tourmente dans un marché qui avantage les plus puissants. Si on s’arrête un instant sur le travail de l’écrivain, sur sa vocation de libre-penseur qui amène plus loin nos réflexions, nous fait voyager, questionne nos identités les plus profondes, collabore à notre éducation et à notre évolution personnelle et collective, bref si l’on prend en compte tout le potentiel que possède un livre, on constate rapidement sa valeur inestimable et on n’hésite plus à donner à l’écrivain et à ceux qui lui permettent d’exister ce qui leur est dû.

Source : Le Devoir 

 

Publicité