Le doux froid des pages

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Lancement de la revue Les libraires, édition 99.

Ce que j’aime avec la rentrée littéraire d’hiver, c’est que les livres plus discrets n’y sont pas autant éclaboussés par les gros canons qui prennent toute la place – comme c’est souvent le cas à l’automne. L’hiver, les éditeurs semblent s’être donné le mot pour lancer des livres forts et discrets, des livres qu’on prend plaisir à feuilleter. Il est alors possible de s’écarter des noms qui nous sont martelés à la télé et à la radio, sur les réseaux sociaux et sur les affiches en ville, pour aller découvrir directement sur place le bon livre pour soi. En effet, février, comme mars, est le mois où, emmitouflé, on peut se rendre en librairie sans devoir difficilement se frayer un chemin jusqu’à son rayon favori, c’est le mois où l’on peut bouquiner tranquillement, aller dans un café et relaxer en tournant les pages du bijou littéraire sur lequel on aura mis la main.

Ces nouveautés de février, on vous en propose plusieurs dans les pages de notre édition 99, qui vient tout juste de paraître. Si vous ne pouvez vous procurer votre exemplaire gratuitement chez votre libraire indépendant, sachez que vous pouvez le lire en ligne ici. Dans ce numéro, j’attire particulièrement votre attention sur l’article qui donne voix à sept nouveaux auteurs (p. 16) : il s’agit de sept livres incontournables de cet hiver, sept livres qui dérangent, sept livres à lire absolument. Nos grandes entrevues, quant à elles, font un peu mentir le paragraphe précédent : oui, quelques gros canons sont tout de même attendus cet hiver – on ne réinvente pas le milieu du livre après tout! –, dont l’éminent Daniel Pennac (p. 28) qui retourne à ses amours de Malaussène. Également, on vous propose de (re)découvrir la discrète Marie-Ève Lacasse (p. 24), Québécoise demeurant aujourd’hui en France et publiant un roman sur Françoise Sagan et son amante Peggy Roche; le vénérable Gilles Archambault, qui a accepté de rencontrer Claudia Larochelle pour discuter d’amour, de vie et d’amitié (p. 14); et Raina Telgemeier (p. 63), bédéiste américaine pour la jeunesse dont j’espère que les livres, à la portée plus grande qu’il n’en paraît, rencontreront leur public jeunesse. Et finalement, il vous faut absolument plonger avec l’auteure d’Hiroshimoi, Véronique Grenier, dans l’univers de Michel Vézina (p. 20) : laissez-vous bercer par cette voix unique qui vous transporte dans l’antre de ce bibliophile insatiable, de cet hédoniste au sens philosophique du terme, de ce grand écrivain québécois qui n’en fait qu’à sa tête, et avec raison.

Le dossier du présent numéro (p. 38) est quant à lui intemporel. En s’intéressant aux voix migrantes, à ces auteurs issus d’une culture autre et enrichissant maintenant nos lettres québécoises, on découvre des voix porteuses, poétiques parfois, sournoises à l’occasion, pertinentes toujours. La diversité culturelle a-t-elle su se tailler une place suffisamment grande, suffisamment représentative, dans notre littérature? Et qui sont ces auteurs venus d’ailleurs? On vous présente ainsi une réflexion sur le sujet, et des écrivains, méconnus à tort, à découvrir. Le tout s’ouvre sur une entrevue tout à fait splendide avec Rodney Saint-Éloi : LE passage obligé de ce numéro.

Bonnes découvertes!

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