Le 12 août, j’ai acheté un livre québécois…

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Tout a commencé par un échange entre deux auteurs (Patrice Cazeault et Amélie Dubé). Leur constat : pour dynamiser le marché du livre québécois, il faudrait acheter plus de livres. C’est vrai, si plus de livres étaient vendus, cela serait plus simple. Cela donnerait un peu d’oxygène aux écrivains, éditeurs et libraires qui ne l’ont pas eu facile au cours des derniers mois.

Une page Facebook a ainsi été créée. Puis, un à un, les gens ont annoncé leur participation. En cœur, ils claironnaient « Le 12 août, j’achète un livre québécois ». L’effet « communauté » a pris tout son sens. Les médias se sont emparés du sujet, appelant leurs lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs à se prêter au jeu.

Hier, le 12 août, plus de 10 000 personnes s’étaient engagées à acquérir un ouvrage québécois. Combien l’ont fait? Difficile à dire, mais beaucoup de ces 10 000 individus ont fait un détour chez leur libraire.

Hier, les lecteurs ont été mis en contact avec ce que le Québec compte de plus extraordinaire : la richesse, la pertinence et la diversité de ses créateurs. Le succès de l’événement a été réel, palpable. Suffisait de suivre la page Facebook pour découvrir les choix de Québécois de tous âges, de toutes provenances, de tous intérêts. Les échanges, enrichissants et enthousiastes, permettaient de poursuivre les découvertes de superbes œuvres d’ici.

Hier, c’était Noël en librairie. Les gens arrivaient, curieux. Ils oubliaient leur train-train quotidien, à la recherche d’un bon livre. Plusieurs en sélectionnaient deux, trois, quatre… Les libraires parcourraient leurs rayons, répondant aux nombreuses interrogations, partageant leurs découvertes, conseillant les curieux. Comme la libraire Marie-Hélène Vaugeois, de la librairie Vaugeois à Québec, l’a si bien écrit sur son blogue : « Il faut aussi que vous sachiez qu’on ne veut pas vous vendre notre dernière grande lecture, mais bien votre prochain coup de coeur, le livre qui vous donnera envie d’en relire un autre le plus vite possible, le livre qui vous rendra accro à la lecture. » Tous les libraires consultés ont signalé un fort achalandage, une grande demande pour le livre québécois, un enthousiasme sincère.

Hier, c’était une journée heureuse, positive pour notre milieu. Les lecteurs ont massivement montré leur soutien aux écrivains, aux éditeurs et aux libraires – souvent indépendants – québécois.

Hier, le site Leslibraires.ca a également été submergé sous les commandes de livres, papier ou numérique. Ce fut la meilleure journée dans l’histoire de ce site transactionnel. Voici quelques données en vrac de ces intenses 24 heures sur leslibraires.ca :

– Plus de 95 % des livres vendus étaient québécois.
– Plus de 250 titres différents ont été acquis par les visiteurs (voir la liste complète), dont plusieurs à plus d’un exemplaire.
– Le nombre de commandes a été 5 fois plus élevé que les 4 mardis précédents
– Le tiers des commandes étaient des livres numériques
– Les titres les plus populaires ont été :

  • Crimes à la librairie, Richard Migneault (dir.) (Druide)
  • Métis Beach, Claudine Bourbonnais (Boréal)
  • L’orangeraie, Larry Tremblay (Alto)
  • La déesse des mouches à feu, Geneviève Pettersen (Le Quartanier)
  • Le grand Antonio, Élise Gravel (La Pastèque)
  • La fiancée américaine, Eric Dupont (Marchand de feuilles)

Et maintenant? Il faudra poursuivre sur cette lancée, s’assurer de perpétuer ce lien avec les lecteurs, de les convier à répéter l’expérience, de les stimuler à lire davantage.

Les défis demeurent nombreux. Il faudra d’autres actions. Il faudra s’arrimer plus que jamais aux lecteurs. Ce qu’un événement comme celui-ci nous permet de comprendre, c’est que toute initiative pour redynamiser notre milieu peut donner des résultats (merci Patrice et Amélie!). Il faut faire confiance en ces gens qui démontrent que le livre mérite une telle mobilisation. Ils étaient 10 000 cette fois. Ils seront peut-être moins ailleurs, peut-être plus pour d’autres. Mais ces lecteurs existent. Il suffit de maintenir le lien.

En parallèle, cela n’empêche aucunement le nécessaire soutien de l’état à l’égard de ces acteurs essentiels pour notre identité culturelle. Des actions et décisions politiques se doivent d’être prises. Des mesures d’aide doivent être mises en place.

Aujourd’hui, nous sommes le 13 août. Les libraires sont encore dans leur librairie. Les livres québécois, encore bien visibles. Le 12 août se poursuit. Aujourd’hui, demain et les jours suivants.

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