L’Académie des lettres du Québec, présidée par l’auteur et traducteur Émile Martel, ne compte plus que sur une subvention privée, octroyée par Power Corporation. La somme de 25 000$ reçue permettra à l’Académie de décerner ses prix annuels, c’est-à-dire le prix Ringuet du roman, le prix Alain-Grandbois en poésie, le prix Victor-Barbeau de l’essai et le prix Marcel-Dubé en théâtre. Mais il devra se passer des autres activités, à tout le moins cette année, puisque l’aide gouvernementale habituellement accordée n’est plus au rendez-vous.

Cinquante et un écrivains ont par ailleurs apposé leur signature au bas d’une lettre envoyée le 23 mai dernier au premier ministre du Québec, M. Philippe Couillard, qui stipule que « l’Académie des lettres du Québec est une institution littéraire de premier plan » et demande de donner à l’organisation « les moyens, modestes mais réels, de poursuivre son action ». Au passage, la missive rappelle que l’Académie a été fondée en 1944 par Alain Grandbois, Rina Lasnier et Victor Barbeau.

L’Académie des lettres du Québec, qui met en œuvre chaque année un colloque ouvert au public, une rencontre internationale d’écrivains et des activités, toujours d’ordre publique, au Musée des beaux-arts de Montréal. Un manque de visibilité serait en partie responsable du manque d’intérêt gouvernemental pour l’association. Son président, M. Émile Martel, est d’accord pour dire que « l’Académie n’est pas une très bonne relationniste », comme il l’exprime en entrevue au journal Le Devoir. Même si l’Académie du Québec est jeune comparée à d’autres dans le monde (74 ans par rapport à la Belgique qui en est à 98 ans, à Lisbonne qui a atteint les 219 ans, au Danemark qui a 276 ans, sans compter l’Académie française qui compte 383 ans bien sonnés) peut-être aurait-il lieu encore de la renouveler, du moins en mettant de l’avant ses réalisations et ses projets.

Quoi qu’il en soit, l’apport des écrivains à la culture d’une nation est essentiel. Comme l’Académie a entre autres rôle de « mieux faire apprécier au Québec comme à l’étranger la contribution originale et essentielle des écrivains et des intellectuels », on peut peut-être la critiquer, l’améliorer et la repenser, mais sûrement pas la voir disparaître.

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